Histoire

Portrait

Les goûts de Joséphine

Pour célébrer le bicentenaire de la mort de l’impératrice Joséphine, deux expositions dessinent l’intimité d’une femme dont l’élégance a marqué le style Empire.

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 20 mai 2014 - 648 mots

L’impératrice Joséphine vue côté cour, au Musée du Luxembourg, à Paris, et côté jardin, au Musée national du château de Malmaison.

PARIS - Joséphine de Beauharnais n’a jamais existé. Née Marie Joseph Rose de Tasher de la Pagerie en Martinique en 1763, elle devient, à son arrivée en France, vicomtesse Rose de Beauharnais. Ce n’est qu’après son mariage avec Bonaparte en 1796 que celui-ci la renommera « Joséphine » : c’est ainsi rebaptisée qu’elle entre dans l’histoire, même si le goût des roses ne la quittera jamais (lire encadré ci-contre). À Paris, le Musée du Luxembourg accueille une exposition à l’occasion du bicentenaire de la mort de l’impératrice, « seule souveraine américaine de l’histoire de France » souligne Amaury Lefébure, commissaire de l’exposition. Portraits, objets, œuvres d’art et archives retracent le parcours exceptionnel de Joséphine – « Je sens que je n’étais pas née pour tant de grandeur », écrit-elle en 1802 à sa fille Hortense – et son apport aux goûts et aux modes de son temps. Dès son mariage avec le jeune général Bonaparte, son goût pour le luxe et une certaine idée de l’élégance féminine s’expriment grâce aux moyens financiers et au statut que lui confère son époux. Entre 1799 et 1804, elle acquiert le château de Malmaison, et fait réaménager ses appartements dans les résidences officielles aux Tuileries, à Saint-Cloud, Fontainebleau et Compiègne après la proclamation de l’Empire.

Un modèle de raffinement
Elle s’adjoint les services des meilleurs : Percier et Fontaine, architectes de génie, les ébénistes Jacob, l’orfèvre Biennais. Ses commandes personnelles diffèrent de celles de son époux : à Napoléon la sévérité martiale, à Joséphine la finesse et l’élégance souple des lignes. Dans ces appartements privés, les meubles se parent de cygnes, de rinceaux végétaux, d’un luxe de matériaux inouï. Le Serre-bijoux des Tuileries, exécuté par Jacob-Desmalter est à ce titre exceptionnel : rareté des bois exotiques, préciosité des matériaux (nacre et bronze), en font un des meubles les plus coûteux de l’Empire.

Mais Joséphine n’est pas la femme un peu légère si décriée par les frères Goncourt à la fin du XIXe siècle : c’est une femme de tête qui sait contrôler son image. Grâce à Pierre-Paul Prud’hon, son portrait à l’élégance sophistiquée et l’abandon étudié lui donnent les attributs d’une rêveuse solitaire dans un écrin de verdure. Chez Antoine Jean Gros, c’est la mère attentive à ses deux enfants, Eugène et Hortense, qu’elle choisit de mettre en avant. Dans son château de Malmaison, elle réunit une collection d’art, entre anciens et contemporains. Comme pour l’art décoratif, elle sait s’entourer des bons conseils de Vivant-Denon et Alexandre Lenoir. L’exposition du Luxembourg réunit des pièces d’exception disséminées dans le monde entier : en Suède, les collections royales comptent les œuvres transmises par l’intermédiaire de sa petite-fille, devenue reine de Suède et de Norvège. Le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg conserve une partie des collections de Joséphine, acquises à sa mort (en 1814) par le tsar Alexandre Ier.

Des fleurs et des oiseaux pour Malmaison

Dans son château de Malmaison, qu’elle occupe pleinement à partir de 1809, date de son divorce, l’impératrice s’entoure des meilleurs botanistes de son temps. Dans les serres du domaine, essences et plantes rares lui permettent de recréer un paradis perdu, celui de son enfance à la Martinique. Alors qu’à Paris, l’exposition montre une Joséphine côté cour, à Malmaison la scénographie nous entraîne sur la piste d’une Joséphine côté jardin : dessins originaux, peintures et gravures rendent justice à son goût des oiseaux et des plantes, dans un tourbillon de senteurs, couleurs et sons. En juin, le château inaugure un nouveau jardin de roses anciennes, une belle manière de continuer la visite à l’extérieur.
« Joséphine, La passion des fleurs et des oiseaux », jusqu’au 30 juin, Musée national des châteaux de Malmaison et Bois-Préau, avenue du château de Malmaison, 92500 Rueil-Malmaison
tél. 01 41 29 05 55
www.chateau-malmaison.fr

Joséphine

Jusqu’au 29 juin, Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard, 75006 Paris
www.museeduluxembourg.fr
tlj 10h-19h30, lundi jusqu’à 22h. Catalogue, Éditions RMN-Grand Palais, 176 pages, 35 €.

Josephine

Commissariat général : Amaury Lefébure, Conservateur général du Patrimoine, directeur du Musée national des Châteaux de Malmaison et Bois-Préau
Commissaires : Elisabeth Caude, conservateur en chef, Céline Meunier, conservateur en chef, Christophe Pincemaille, chargé d’études documentaires, Alain Pougetoux, conservateur en chef au musée national des châteaux de Malmaison et Bois – Préau
Nombre d’œuvres : environ 130

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°414 du 23 mai 2014, avec le titre suivant : Les goûts de Joséphine

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