Musée

Les frères Martel en tête ?

Un souci d’allier avant-garde et tradition

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 février 1997 - 450 mots

Pour le centenaire de la naissance des frères Martel, le Musée Des­piau-Wlérick accueille une rétrospective de ces deux sculpteurs Art déco qui ont connu la gloire entre les années trente et soixante.

MONT-DE-MARSAN - La gémellité dans le monde de l’art est une chose rare. Les jumeaux Joël et Jan Martel ont pourtant travaillé de concert de 1913 à 1966, et l’exposition rétrospective présentée à Mont-de-Marsan, après La-Roche-sur-Yon et Boulogne-Billancourt, et avant Roubaix, réunit pas moins de cent vingt pièces. Dans un souci pédagogique, les œuvres sont regroupées par thèmes iconographiques, préférant ainsi mettre en évidence la constance des sujets abordés par les deux artistes plutôt que l’absence de réelle évolution stylistique au cours de leur carrière, pourtant longue de plus de cinquante ans. L’art animalier, l’art sacré, les musiciens et danseurs sont quelques-uns de ces thèmes centraux, symptomatiques de la fidélité des frères Martel à la tradition.

Leurs créations, influencées par l’avant-garde de leur jeunesse, du Cubisme au Futurisme, se sont en effet développées dans le contexte utopique des années trente, aspirant à la rencontre de l’art moderne et des arts populaires, d’une part, à la synthèse des différents domaines créatifs, d’autre part. Dans ce sens, ils ont co-fondé en 1929, notamment avec Robert Mallet-Stevens et Pierre Chareau, l’Union des artistes mo­dernes (UAM), qui a organisé de nombreuses expositions avant la Seconde Guerre mondiale.

Un art consensuel
Malgré leurs bons sentiments, l’art des frères Martel reste fondamentalement décoratif et intellectuellement étranger aux débats artistiques d’avant-garde de leur époque. Ils abordent d’ailleurs avec un certain retard le Cubisme, l’une de leurs principales in­fluences, réalisant par exemple l’Arbre cubiste en 1925, alors que Picasso et Braque s’étaient séparés en 1914. Ils se réapproprient également une culture française de base, parfois ouvertement issue de folklores régionaux – en particulier vendéen, région dont ils sont originaires – traités plastiquement "à la manière des avant-gardes", mais en n’en faisant, au fond, qu’une lecture superficielle. Les sculpteurs resteront étonnement fidèles à "leur modernité" tout au long de leur vie, perpétuant un style forgé dans les années trente. Il n’est donc pas surprenant que cette expression, à la fois figurative, populaire et "moderne", ait eu un grand succès auprès des élus de la Nation. Ainsi, à partir de la fin de la guerre et jusqu’à leur mort, en 1966, les Martel ont essentiellement travaillé pour l’espace public, réalisant monuments aux morts, statues et fontaines, commandes naturelles pour leur art éminemment consensuel.

JOËL ET JAN MARTEL, SCULPTEURS (1896-1966), jusqu’au 17 mars, Musée Despiau-Wlérick, rue Marguerite de Navarre, 40000 Mont-de-Marsan, tél. 05 58 75 00 45, tlj sauf mardi 10h-12h, 14h-18h. Catalogue aux éditions Gallimard/Electa, 240 p., 290 F. Puis, d’avril à juin, Musée d’art et d’industrie, Roubaix.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°33 du 1 février 1997, avec le titre suivant : Les frères Martel en tête ?

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