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Les fantaisies d’Henri

L'ŒIL

Le 1 mars 2000 - 223 mots

Évoquer Henri Guérard (1846-1897) par ses seuls liens de parenté, comme le font nombre d’historiographes, est forcément injuste. Certes, il est le mari d’Éva Gonzalès, l’unique élève de Manet, puis de sa sœur Jeanne. Certes, il pose pour Manet dans Au Café ou pour Éva Gonzalès dans Une loge aux Italiens. Mais, peintre lui-même, il est également un graveur talentueux. Il collabore d’ailleurs à La Gazette des Beaux-Arts, livrant pendant 16 ans des interprétations d’œuvres de Vélasquez, Chardin ou Whistler. Comme le montre la judicieuse exposition de la galerie Laurentin, il a également de nombreuses autres facettes. Il dessine des lanternes, peint des éventails et des paravents pleins d’humour. En 1888, le célèbre critique Félix Fénéon se lance d’ailleurs dans un compliment aigre-doux : « Sur ses cinq douzaines d’éventails, des chats joueurs, de folâtres pithèques, des dragons aux gueules pyrotechniques, des masques déchiquetés par d’horrifiants rictus, des saltimbanques paradoxaux se groupent en scènes d’une fantaisie trop facile mais drôle. » La surprise vient de ses sculptures, minuscules pièces d’étain ou de bronze. Ce sont des masques grimaçants, dignes de figurer dans le Panthéon de Daumier, frises ou entrées de serrures tout droit sorties d’un roman de Villiers de L’Isle-Adam ou d’Edgar Allan Poe. Une fantaisie symboliste qui se souvient du baroque florentin.

PARIS, galerie Antoine Laurentin, jusqu’au 15 mars, cat. 65 p.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°514 du 1 mars 2000, avec le titre suivant : Les fantaisies d’Henri

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