XXe Siècle - Le bonheur que procurent les œuvres de l’artiste portugaise Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992) tient à la possibilité de s’y perdre.
La riche exposition présentée à Bilbao en offre pleinement l’occasion. Accrochées dans l’imposant édifice, les toiles, qui entraînent le visiteur dans des champs d’incertitude, donnent littéralement le vertige. À partir d’un réseau de carreaux irrégu-liers, semblables à des mosaïques byzantines, l’artiste construit de vrais labyrinthes. Mosaïques, marqueteries, échiquiers ou puzzles faits de formes sans contour se fondent les uns dans les autres sans jamais disparaître pour autant. Partout, l’autorité du regard cède la place au tâtonnement de l’œil. Le parcours, chronologique, permet de découvrir ses premières œuvres figuratives, telle Autoportrait (1930). Vieira da Silva se consacre très tôt à l’étude de l’art, manifestant un intérêt particulier pour la structuration formelle des corps et de l’espace. Elle poursuit cette recherche à Paris, où elle s’installe en 1928, en étudiant sous la direction de Fernand Léger et de Roger Bissière. Quelques années après sa première exposition chez Jeanne Bucher Jaeger, en 1933, elle retourne vivre à Lisbonne. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle se réfugie au Brésil avec son mari, le peintre hongrois Árpád Szenes. De retour à Paris en 1947, elle s’impose rapidement comme l’une des figures majeures de la « Nouvelle École de Paris ». L’espace de ses toiles – damiers, atelier, cage d’escalier – laisse progressivement affluer des images qui suggèrent des villes, des rues, des tours ou des échafaudages, le tout en équilibre précaire et momentané. Les lignes discontinues esquissent des directions multiples et la gamme de couleurs très variées institue un papillonnement dynamique. La dernière section présente la part la plus abstraite de son œuvre où les formes dilatées par la couleur ou par des trouées de lumière, souvent blanche, fusionnent et envahissent la toile. Désormais, les références à la réalité se font rares, les signes et les structures se dissolvent, le regard est convié à pénétrer à l’intérieur de la peinture.
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Les espaces mouvants de Vieira da Silva
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : Les espaces mouvants de Vieira da Silva





