Les briques d’histoires du mur de Berlin

La Cité de l’architecture revient sur cette séquence historique avec cette exposition à visée pédagogique, d’une longueur nécessaire pour comprendre la chronologie des événements. Démarrant à la fin de la Seconde Guerre mondiale, le parcours montre comment l’affrontement politique entre les États-Unis et l’Union soviétique prend racine dans la bombe atomique qui clôt le conflit et lance une course à l’armement nucléaire. Berlin, ville occupée par les vainqueurs, devient le seul endroit au monde où deux superpuissances peuvent s’afficher et se comparer. C’est le théâtre d’une guerre d’images et de propagande. Ces tensions vont profondément modifier son urbanisme et provoquer la fuite vers l’ouest de milliers d’Est-Allemands. En août 1961, l’érection du mur scelle par la brique et les barbelés, la séparation inéluctable entre les deux zones de Berlin. La réussite de l’exposition tient dans l’équilibre orchestré entre la petite et la grande histoire. La scénographie alterne astucieusement les images d’archives d’événements politiques (blocus aérien, manifestations syndicales) avec les objets et les récits du quotidien (tickets de rationnements, ustensiles de cuisine recyclés des temps de guerre…). Certaines images frappent les esprits, telle cette vidéo d’une femme s’échappant par la fenêtre d’un immeuble, ou ces personnes juchées sur des échelles pour saluer leur famille restée de l’autre côté du mur. Autre photo marquante, celle de « la guerre des haut-parleurs », avec de part et d’autre du mur, des camions surmontés d’énormes enceintes, diffusant des messages politiques pour le camp d’en face. De nombreuses interviews en vidéo permettent de mieux saisir les conditions de vie des Allemands de l’Est, vivant sous surveillance, dans un climat de méfiance généralisé. La dernière partie du parcours s’éloigne du contexte berlinois pour aborder les mouvements mondiaux qui ont contribué à la chute du mur. Une exposition passionnante qui entre en résonance avec les tensions géopolitiques du moment.