Les Brèves : Le Musée d’art contemporain de Gand, Le Musée Carnavalet, Claude-Émile Schuffenecker...

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1996 - 1140 mots

Le Musée d’art contemporain de Gand, en Belgique, s’est davantage fait connaître par ses expositions hors les murs – comme "Chambre d’amis" – que par la présentation exhaustive de ses collections. Dirigé depuis de longues années par Jan Hoet, qui fut notamment directeur de la dernière Documenta, il n’en possède pas moins un riche patrimoine contemporain dont on verra quelques pièces remarquables à l’Institut Néerlandais (121, rue de Lille, 75007 Paris, jusqu’au 27 octobre) en attendant de les découvrir dans l’espace de l’ancien Casino, reconverti en 1998 en musée d’art contemporain. De Beuys et Broodthaers à Vercruysse et West, en passant par Kounellis et Leroy, une avant-première à ne pas manquer.

Le Musée Carnavalet, qui fut pendant vingt ans la résidence de la marquise de Sévigné, consacre une exposition à la célèbre épistolière à l’occasion du tricentenaire de sa mort. Deux cent cinquante objets, peintures, gravures, meubles, livres et manuscrits seront exposés du 15 octobre au 12 janvier dans une scénographie inspirée d’un appartement du XVIIe siècle. La cour et les amours de Louis XIV, les Précieuses, les salons, la religion, la guerre, la médecine… ainsi qu’une section spécialement consacrée à l’établissement du texte des lettres à sa fille, Mme de Grignan, devraient dresser un brillant portrait de Madame la marquise et de son époque.

Claude-Émile Schuffenecker (1851-1934) a enfin droit à une première rétrospective dans un musée français. Du 19 octobre au 12 janvier, le Musée départemental Maurice Denis "Le Prieuré", à Saint-Germain-en-Laye, présentera 86 peintures et œuvres sur papier dispersées dans le monde entier. L’exposition sera articulée en trois moments clés de la vie de l’artiste : ses périodes classique,  néo-impressionniste et "d’exploration métaphorique et symboliste".

"Signes de terre", au Musée-galerie de la Seita à Paris, réunit deux artistes israéliens exposés pour la première fois en France. L’un est Palestinien, Asim Abu-Shakra, décédé en 1990, et l’autre juif, Avi Trattner, né en 1948. Choisis par Itzhak Goldberg pour leur "parenté esthétique prenant racine dans un sol commun", les deux peintres se rejoignent dans leur approche sérielle de thèmes différents illustrant souvent la violence. Alors que des personnages inquiétants et des chiens peuplent l’imaginaire d’Avi Trattner, le sujet fétiche d’Asim Abu-Shakra est le cactus, symbole du juif né en Israël.

Odilon Redon (1840-1916) est de nouveau exposé en Suisse. Contrairement à la dernière grande rétrospective organisée en 1983 au Kunstmuseum de Winterthur, la présentation du Musée Cantonal d’Art de Lugano est, elle, thématique. Manuela Kahn-Rossi, directrice du musée et commissaire de l’exposition a réuni des œuvres autour du paysage, de la nature morte (fleurs), du portrait (surtout de son épouse Camille Falte) et des scènes mythologiques. Cent cinquante œuvres témoignent notamment du passage essentiel des célèbres "Noirs" (eaux-fortes, lithos, dessins au fusain) à l’utilisation de la couleur, à partir de 1890. C’est la découverte d’un excellent pastelliste, à l’instar de Degas, d’un dessinateur et graveur qui s’est essayé à de nombreuses techniques. Jusqu’au 17 novembre, catalogue français-italien édité par Skira, 350 p., 50 FS.

Giovanni Giacometti (1868-1933), père du célèbre sculpteur, présenté au Kunstmuseum de Winterthur jusqu’au 24 novembre, est avec Cuno Amiet l’un des peintres suisses les plus significatifs du début du siècle. Cette première rétrospective réunit une centaine d’œuvres, plus particulièrement des huiles, au détriment de son travail graphique. L’accent est mis sur la période 1906-1911 où le peintre, après un séjour à Munich et à Paris, accorde toute son importance à la couleur. Paysages et vie quotidienne en Engadine, portraits de ses proches : les sujets sont semblables à ceux traités par les artistes de son époque, mais sa manière de peindre s’éloigne de ses anciens maîtres, Cézanne et Van Gogh. Deux publications en allemand sont éditées par le Musée de Winterthur : l’étude du Schweizerischen Institut für Kunstwissenschaft de Zürich, 300 p., 148 FS, et le catalogue, 248 p., 48 FS. L’exposition sera ensuite reprise au Musée des beaux-arts de Lausanne et au Kunsmuseum de Chur.

Tamás Taub expose au Musée Rath de Genève jusqu’au 17 novembre, remplaçant Dieter Roth prévu initialement. L’artiste d’origine hongroise propose une suite de quelque 3 200 dessins appartenant au collectionneur genevois A. L’Huillier. Cet ensemble exécuté entre 1984 et 1995 à l’encre et au brou de noix et exposé pour la première fois au Mücsarnok Kunsthalle de Budapest, apparaît comme une "descente aux enfers" de l’esthétique. Dans un esprit emprunté au mouvement Fluxus, il présente son travail graphique en développant une théorie inspirée de la catabase, la doctrine de l’échec.

Carmen Perrin, lauréate du Prix d’art contemporain de la Banque cantonale de Genève en 1992, présente au Kunsthaus de Aarau, jusqu’au 17 novembre, une sélection d’œuvres de ces dix dernières années. Sculpteur à la recherche de matériaux insolites, d’une approche formelle et structurelle à la limite de l’instabilité, elle partage son activité essentiellement entre Marseille et Genève, bien qu’elle soit aussi représentée à Paris par la galerie Laage-Salomon.

Günther Förg expose au Kunstmuseum de Lucerne, jusqu’au 3 novembre, onze peintures, douze sculptures et vingt-cinq photographies de ces deux dernières années autour du thème des Gitterbilder, dernier stade de son analyse des structures horizontales et verticales. Un petit catalogue d’une quarantaine de pages, constitué uniquement de textes, accompagne la présentation.

Les six marbres de Rodin de la collection Thyssen seront présentés au Musée Rodin à Paris du 8 octobre au 5 janvier 1997 : La mort d’Athènes, la Jeune fille confiant son secret à Isis, Le Christ et la Madeleine, La naissance de Vénus, La mort d’Alceste et Le rêve seront exposés en compagnie de quelques bronzes, esquisses et maquettes en plâtre. Ces pièces proviennent du "petit musée des œuvres" de Rodin qu’avait constitué le richissime industriel allemand du charbon et de l’acier August Thyssen (1842-1926) dans son château de Landsberg, en Westphalie, et sont aujourd’hui la propriété de la baronne Carmen Thyssen-Bornemisza.

Umbo, de son vrai nom Otto Umbehr, est avec Laszlo Moholy-Nagy le plus important photographe issu du Bauhaus. Jusqu’au 21 octobre, le Centre national de la Photographie (11, rue Berryer 75008 Paris) expose un travail «jetant un pont entre le langage formel de la Nouvelle objectivité et l’esthétique expressionniste», selon Herbert Molderings (Photo Poche, n° 66, 54 F). Ses photomontages, ses photogrammes, ses photos d’objets et de nuit ont ouvert la voie à une nouvelle esthétique. Ses archives, quelque 60 000 négatifs, ont été détruites en 1943 lors d’un bombardement de Berlin.

Paul Fachetti a signé l’un des portraits les plus célèbres d’Henri Michaux. Remarquable portraitiste, il a également été le premier marchand de Pollock en France (Centre Georges Pompidou, jusqu’au 6 janvier 1997).

Magnum poursuit ses expositions thématiques. Après "Le Cinéma", "Le Paysage" en 120 photographies, urbaines ou campagnardes, prises par les grands noms de l’agence (Le Bon Marché, Paris, jusqu’au 13 novembre).

Gisèle Freund expose à la galerie nationale du Jeu de Paume (8 octobre - 1er décembre) ses portraits d’André Malraux. Trente années de travail : des photographies emblématiques et des images inédites, puisées dans ses archives.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°29 du 1 octobre 1996, avec le titre suivant : Les Brèves : Le Musée d’art contemporain de Gand, Le Musée Carnavalet, Claude-Émile Schuffenecker...

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