Les autres Watteau

Lille distingue deux enfants du pays

Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 418 mots

En rassemblant peintures et dessins de Louis et François Watteau, le Musée des beaux-arts de Lille s’attache à distinguer deux œuvres confondues par une postérité négligeante, et évoque la vie artistique dans le Nord, du règne de Louis XV à la Restauration.

LILLE. Le peintre Louis Watteau (1731-1798), neveu d’Antoine, a dressé en 1795 l’inventaire de tous les biens saisis par la République, prémices à la naissance du musée de Lille, puis son fils François (1758-1823) en a été le conservateur-adjoint : c’est dire si les Watteau de Lille, auxquels la ville rend aujourd’hui hommage, sont intimement liés à l’histoire de la cité et du musée. Les 49 tableaux et 52 dessins rassemblés permettront en outre de rendre à chacun des deux peintres son identité, diluée sous une appellation générique par la postérité. Chroniqueurs attentifs de la vie bourgeoise à Lille, Louis et François Watteau ont pourtant connu de leur vivant un certain succès, auquel a fait place oubli et dédain, triste sort de tous les artistes à la mode. Ils ont de plus souffert de l’écrasante comparaison avec leur illustre parent, Antoine Watteau. Certes, comme lui, il ont peint les classes aisées de la société dans leurs loisirs, et ont subi l’attraction de la peinture nordique, dont la vogue bat son plein en ces dernières années du XVIIIe siècle. Mais le génie, on le sait, n’est pas héréditaire. Néanmoins, les Watteau de Lille, petits maîtres de province, méritent mieux qu’un regard poli, car leur œuvre est le reflet fidèle d’une société bourgeoise, sensible à l’image valorisante offerte par les Watteau. Aspirant au statut de peintre d’histoire, ils ont bien représenté quelques événements marquants de ces années troublées, tel le bombardement de Lille, mais leur réussite s’est bâtie essentiellement sur les scènes de genre, plus propices à leur goût du pittoresque. François a même participé à la première revue de mode La galerie des modes et costumes français, où son talent d’observateur et de dessinateur trouve à s’exercer. L’exposition réserve d’ailleurs une large place au dessin, que les Watteau ont non seulement pratiqué mais aussi en­seigné : déçu par l’accueil fait à ses tableaux d’histoire au Salon de 1802, François abandonnera la peinture et consacrera ses dernières années à l’enseignement.

LES WATTEAU DE LILLE, jusqu’au 31 août, Palais des beaux-arts, 18 bis rue de Valmy, 59000 Lille, tél. 03 20 06 78 00, tlj sauf mardi et jf 10h-18h, lundi 14h-18h, vendredi 10h-19h. Monographie par Gaëtane Maës, Arthena, 600 p., 40 ill. coul., 400 ill. n&b, 620 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : Les autres Watteau

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