Les artistes et la reproductibilité de l’image

Cette question de la reproductibilité, un certain nombre d’artistes l’ont inscrite au cœur de leur travail. En identifier les raisons, les pratiques et les usages, engage au Centre Pompidou à une exposition de haute volée. D’abord par le panorama, des plus exhaustifs et des plus clairs sur le sujet, qu’en donne Julie Jones, conservatrice au cabinet de la photographie du Musée national d’art moderne (MNAM), dans une synthèse courte et brillante. Ensuite, par la soixantaine d’œuvres des collections du musée qu’elle a sélectionnées et les dialogues inattendus que celles-ci engagent dans trois sections, rondement menées dans les espaces limités en superficie de la galerie de la Photographie. La fascination pour le double, abordé en premier lieu au travers notamment de l’ombre ou de la répétition du motif, rassemble ainsi Pierre Boucher, Man Ray et les artistes conceptuels Miklos Erdély et Kanji Wakae, qui, dans les années 1970, ont usé du multiple d’une autre manière pour en explorer les ressorts et enjeux esthétiques. L’association Constantin Brancusi, Éric Rondepierre, Philipp Goldbach et Susan Meiselas, a priori improbable, s’avère tout aussi éloquente quand est abordée la multiplicité des usages d’une image originale – la création monumentale de l’Allemand Philipp Goldbach, placée en bout de l’exposition, faisant son effet avec son muret composé de 200 000 diapositives du département d’histoire de l’art de l’université de Cologne mises au rebut, lesquelles, empilées les unes sur les autres, créent une fascinante composition graphique minimale.