Les artifices de Refik Anadol

L’œuvre immersive, réalisée à 50 % par l’homme et à 50 % par l’IA et intitulée Living Architecture: Gehry, n’épargne aucun espace de l’immense salle 204. En relevant un véritable défi technique, l’artiste et son équipe ont dû braver les contraintes liées à la forme de la salle, non adaptée à une projection immersive. Pour ce faire, des dizaines de projecteurs sont montés au plafond. Parce que l’œuvre est découpée par chapitres pouvant durer six heures, le visiteur ne verra jamais la même chose, les formes étant évolutives grâce à la technologie de l’IA appelée Large Architecture Model (LAM). Un modèle qui a été entraîné pendant des mois, s’imprégnant d’un très grand nombre de vues des bâtiments de Gehry pour générer des images inspirées de courbes, des modulations picturales qui évoluent en permanence dans une explosion de couleurs. La résolution de 20K offre une belle netteté au travail de l’équipe de Refik Anadol, que complète, à bon escient, une création sonore signée Kerim Karaoglu, d’une part issue d’enregistrements des bruits acoustiques générés par la vie du bâtiment lui-même, d’autre part, composée par une intelligence artificielle. Tout semble ici réuni pour conduire à un événement spectaculaire d’envergure. S’il est vrai que le résultat est impressionnant, il oscille pourtant entre œuvre d’art et attraction visuelle. Chacun tranchera !