Les arcanes de la création

Rebâtie au XVIIIe, puis successivement filature, prison – subsistent quelques cellules et le souvenir de Louise Michèle qui y fut internée avant sa déportation à Nouméa – puis colonie de vacances. Rachetée par la famille Volot en 2004, elle abrite depuis 2006 un centre d’art contemporain ouvert à l’expressionnisme figuratif contemporain, aux arts premiers ou religieux, à l’Art brut, singulier ou outsider. Sans oublier la danse contemporaine et un festival des fanfares libres ! Bref, un lieu comme on rêve d’en croiser plus souvent au détour de chemins buissonniers. L’exposition estivale 2014, proposée par Laurent Danchin, annonce clairement la couleur : elle « se veut un éloge non de l’art, mais de la diversité inépuisable de la création, seule capable de mettre en échec les forces de destruction partout à l’œuvre actuellement ». Cette exposition au titre symptomatique, « Mycélium » (réseau organique de connexions fécondes), bouillonne d’énergies les plus variées et les plus contradictoires, à en faire perdre tout sens commun. Et c’est tant mieux ! Vingt-six « artistes », dont (seulement) six femmes, se livrent à des expérimentations plastiques tous azimuts d’une sidérante force « humaine ». Citons au hasard Ghislaine (France, née en 1958) et ses dessins si vivants de… squelettes, ou l’installation d’imposantes formes humaines de Jim Sanders (Royaume-Uni, né en 1975). Chaque œuvre de cette exposition est une présence, tout simplement.