Musée Thyssen-Bornemisza, Madrid

L’épouse idéale de Ghirlandaio

Jusqu’au 10 octobre 2010

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 24 août 2010 - 339 mots

Combien de mois de travail pour produire ce profil impénétrable, fin, silencieux !

Combien de jours de patience pour que la grâce absolue s’ajoute à une beauté infinie et que l’élégance de Giovanna Tornabuoni se pare d’une simplicité lumineuse ! 
Certes il y a de la naïveté dans la composition, sans doute le cou est-il  « trop frêle pour le poids des tresses blondes ». Mais de la soie du vêtement aux perles brillantes, du livre d’oraison aux grains incarnat du chapelet, le savoir du maître rayonne. Il exprime toute la dimension universelle et passionnelle du Quattrocento. C’est que Ghirlandaio (1449-1494) a appris la valeur du dessin, il s’est formé aux subtilités de la chimie des couleurs, il travaille en orfèvre ses volumes et veut comme il le disait, « peindre pour l’éternité ». 

Pari tenu, le visage délicat et presque translucide de la noble Florentine a traversé l’épaisseur des siècles. Œuvre tardive dans une carrière de météore ! Le portrait de la jeune mariée a été réalisé autour de 1488. Il a 39 ans quand il représente cette épouse idéale que la mort va emporter peu après des noces princières. Après les madones et les scènes religieuses de moindre relief, Ghirlandaio a su séduire la classe aisée et cultivée de la cité toscane. Celle-ci s’adresse à son atelier pour célébrer son pouvoir. Un atelier qui compte parmi les élèves un jeune artiste prometteur nommé Michel Ange !

Autour de cette peinture qui est une des icônes du musée Thyssen-Bornemisza, s’ouvre une  fenêtre sur les fastes de la Renaissance à Florence. Les médailles et les objets  rares présentés le prouvent. À côté du célèbre Filippino Lippi, des noms restés longtemps en retrait se détachent comme celui de Cosimo Roselli et rehaussent l’autorité esthétique de Ghirlandaio. Selon Vasari, « cent ducats d’or » ont récompensé l’originalité de cette œuvre. Modique somme au regard de la récompense offerte à la postérité.

Voir

« Ghirlandaio et la Renaissance à Florence », musée Thyssen-Bornemisza, 8, Paseo del Prado, Madrid (Espagne), www.museothyssen.org, jusqu’au 10 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°627 du 1 septembre 2010, avec le titre suivant : L’épouse idéale de Ghirlandaio

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