Art moderne

Paris-7e

Léon Spilliaert. Bonjour tristesse

Musée d’Orsay

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 24 novembre 2020 - 313 mots

Si vous n’avez pas franchement le moral en cette fin d’année un brin morose, ce n’est sans doute pas l’exposition la plus appropriée pour chasser votre vague à l’âme.

C’est en effet un théâtre sombre et lugubre que le Musée d’Orsay décline au fil des 90 lavis, aquarelles et pastels de Léon Spilliaert. Un parcours hanté de personnages noyés dans une solitude extrême, de paysages invariablement gris d’une mélancolie tenace, quand ce ne sont pas des êtres inquiétants, voire fantomatiques, ou des bateaux qui s’abîment dans la mer du Nord. Certes, on ne peut qu’être impressionné par la maîtrise de l’artiste et sa par capacité à suggérer une atmosphère aussi envoûtante que dérangeante avec une sidérante économie de moyens. Tout comme par la radicalité dont il fait preuve dans des feuilles quasiment minimalistes. Toutefois, malgré la beauté et la force de certaines œuvres, flirtant constamment entre symbolisme et abstraction, tout cela tourne hélas un peu en rond. En se focalisant sur une facette de l’œuvre de Spilliaert, l’exposition ne rend pas vraiment service à l’artiste, puisqu’elle le cantonne dans un registre sinistre et répétitif. La sélection centrée sur sa production des années 1900-1919 donne ainsi une vision réductrice et monolithique d’une production en réalité nettement plus riche et intéressante. On regrettera d’autant plus ce parti pris que Spilliaert est un artiste formidable, un des jalons de la modernité belge, mais qui ne jouit pas de la reconnaissance qu’il mérite. Il est surtout un artiste rare, trop rarement exposé de ce côté-ci des Ardennes. Cela faisait en effet près de quarante ans qu’il n’avait pas eu les honneurs d’une rétrospective à Paris. Il méritait donc mieux qu’une présentation parcellaire dans les petites salles assez ingrates du deuxième niveau du Musée d’Orsay. Accrochées pratiquement à touche-touche dans ces salles exiguës ne permettant pas suffisamment de recul, ces œuvres déjà étouffantes en deviennent claustrophobiques et monotones.

« Léon Spilliaert (1881-1946), lumière et solitude »,
Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris-7e, www.musee-orsay.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°739 du 1 décembre 2020, avec le titre suivant : Léon Spilliaert. Bonjour tristesse

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