Suisse - Photographie

L’éloge du flou

Photo Élysée, Lausanne (Suisse) – Du 3 mars au 21 mai 2023

Par Christine Coste · L'ŒIL

Le 21 février 2023 - 323 mots

Photographie -  Après avoir suivi Pauline Martin dans son histoire photographique du flou, le photographe amateur ne pourra plus dire qu’une photographie floue est une photographie ratée.

Le visiteur plus averti sur le sujet retiendra, pour sa part, la multiplicité insoupçonnée des flous qui traversent l’histoire de la photographie, de ses débuts à nos jours. Car, jamais jusqu’à présent, une exposition d’une telle envergure n’avait été consacrée à cette histoire. Il est vrai que Pauline Martin en a fait le sujet de sa thèse, que publient en mars les Presses universitaires de Rennes. À Photo Élysée, exposition et catalogue la synthétisent donc en 12 sections, conçues de manière à montrer comment les fonctions et les valeurs attribuées au flou ont évolué selon les pratiques, mais aussi selon les époques, les pays et les cultures, en particulier en France, en Angleterre et en Allemagne. Photographie artistique, scientifique, de reportage, de studio ou photographie amateur n’envisagent pas le flou de la même manière. Pas davantage les pictorialistes, qui recherchent le flou pour les impressions qu’il suscite et le monde idéalisé qu’il suggère, ou les surréalistes pour sa force subversive. « Des auteurs comme Robert Frank ou William Klein dans les années 1950 s’en servent pour bouleverser, notamment par référence à l’esthétique paparazzi, les conventions sur la bonne photographie », souligne Pauline Martin. Depuis les années 1970, le flou incarne la liberté narrative d’auteurs aussi différents que Bernard Plossu, Michael Ackerman, Antoine d’Agata ou Hiroshi Sugimoto et Sylvain Couzinet-Jacques. Chez des artistes comme Christian Boltanski ou Thomas Ruff, il permet d’exprimer à partir d’images d’archives la dramaturgie de l’histoire traumatique. Les générations qui suivent s’en sont emparées tout autant. La mise en rapport régulière du flou en photographie avec la manière dont la peinture et la sculpture en ont fait usage différemment constitue d’autres repères instructifs et passionnants, la section cinéma se focalisant sur celui des années 1920, période durant laquelle les cinéastes lui confèrent une fonction narrative inédite.

« Flou. Une histoire photographique »,
Photo Élysée, 17, place de la Gare, Lausanne (Suisse), www.elysee.ch

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°762 du 1 mars 2023, avec le titre suivant : L’éloge du flou

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