Le XIXe siècle français vu par les Havemayer

Orsay expose quarante œuvres du collectionneur inspiré

Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 398 mots

Dans la lignée de ses expositions sur les grandes collections de la fin du XIXe siècle, le Musée d’Orsay propose de découvrir une quarantaine d’œuvres de Manet, Degas, Monet ou Cézanne, rassemblées par un couple d’Américains éclairés : les Havemeyer.

PARIS. Que seraient nos musées sans les collectionneurs ? Ceux-ci se sont montrés, face à l’Im­pressionnisme par exemple, plus réceptifs que l’État aux nouveaux courants artistiques. Le Musée d’Orsay récidive son hommage à ces amateurs éclairés. Après avoir présenté les collections Barnes et Ny Carlsberg, il expose la collection d’un couple américain au goût sûr et original : Henry Osborne et Louisine Havemeyer. Une quarantaine de toiles et pastels de Goya, Corot, Cour­bet, Manet, Degas, Mary Cassatt, Monet, Pissarro, Sisley et Cézanne ont été sélectionnées parmi le vaste en­semble légué par le magnat du sucre à des musées américains. Outre des antiquités asiatiques, les Havemeyer possédaient des peintures provenant de toute l’Eu­rope, et notamment de l’école espagnole et du XIXe siècle français. Les plus grands maîtres figuraient dans leur maison de New York, décorée par Tiffany : Rembrandt, Rubens, Véro­nèse, Goya, Ingres, Delacroix… Dès les années 1870, l’amitié entre Louisine et Mary Cassatt oriente le couple vers l’Impres­sionnisme. Ils achètent à la jeune femme un Autoportrait et lui commanderont plusieurs portraits au pastel de leurs enfants. En échange, elle les guide dans leurs choix, vite relayée par les marchands Durand-Ruel et Ambroise Vollard. Les Havemeyer s’intéressent d’abord à Manet, dont ils s’efforcent d’illustrer la variété des talents : tableaux hispanisants, tel le Jeune homme en costume de majo, peintures d’histoire contemporaine, natures mortes, scènes de canotiers, ainsi qu’une vue du Grand canal à Venise, totalement à part dans la production de l’artiste. Mary Cassatt leur transmet également son goût pour Courbet et Degas. Du premier, les milliardaires américains collectionnent les paysages, portraits et grandes compo­sitions. Du second, ils se procurent surtout des œuvres de jeunesse, comme L’amateur d’estampes, qu’ils complètent ensuite par des peintures, pastels et sculptures de danseuses. Ils s’attachent aussi à retracer l’évolution artistique de Monet, depuis La voile verte de 1865 jusqu’aux fameuses séries des Peupliers ou du pont de Charing Cross. Enfin, sous la houlette d’Ambroise Vollard, ils découvrent Cézanne.

LA COLLECTION HAVEMEYER. QUAND L’AMÉRIQUE DÉCOUVRAIT L’IMPRESSIONNISME, jusqu’au 18 janvier, Musée d’Orsay, 1 rue de Bellechasse, 75007 Paris, tlj sauf lundi 10h-18h, dim. 9h-18h, jeu. 10h-21h45. Catalogue édité par la RMN, environ 150 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Le XIXe siècle français vu par les Havemayer

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