Toulouse (31)

Le triomphe de Benjamin-Constant

Musée des Augustins, jusqu’au 4 janvier 2015

Par Lina Mistretta · L'ŒIL

Le 18 novembre 2014 - 370 mots

Pour la première rétrospective jamais organisée en son honneur, Benjamin-Constant (1845-1902) occupe le superbe Musée des Augustins de Toulouse dont la monumentalité convient parfaitement aux formats de ses toiles. Acteur majeur de l’orientalisme, Benjamin-Constant connut une gloire internationale, puis incarna la vieille garde par la pratique d’un art pompier qui tombait peu à peu en désuétude.

Il fait un retour triomphal dans sa ville de formation. En 1871, il découvre le Maroc avec la mission Tissot. Revenu en 1873, il le peint pendant dix années. Comme pour son modèle, Delacroix, qui entreprit avant lui le voyage au Maroc, la lumière et les couleurs de ce pays vont faire évoluer sa palette. La couleur est fondamentalement au centre de ses stratégies picturales. Le sujet est pour lui secondaire, la forme important davantage que le fond. Ses tableaux d’histoire sont d’une grande vacuité dans leur récit, mais spectaculaires dans leur mise en scène. Aidé en cela par la photographie, dont il a saisi l’importance. À l’instar d’un Ingres ou d’un Delacroix, le harem et le bain turc sont pour Benjamin-Constant des lieux fantasmés où la claustration des femmes nourrit l’imagination. La salle centrale de l’exposition, fermée comme un harem, est consacrée à ses odalisques exotiques et lascives. Intérieur de harem au Maroc, qui renvoie dans sa composition aux Noces juives au Maroc de Delacroix, fait partie des très grands formats qu’il réalisa durant une décennie, tels l’éclatant Les Chérifas qui le place au premier rang des coloristes, Les Derniers Rebelles, à la fois flamboyant et morbide, et son Mehmet II, auréolé d’un arc remarquable. Dans un tout autre registre, Benjamin-Constant s’impose comme un grand peintre de décors à l’Opéra comique, à la gare d’Orsay, à l’Hôtel de Ville de Paris et au Capitole de Toulouse avec L’Entrée d’Urbain II à Toulouse. À partir de 1880, l’orientalisme passant de mode, l’artiste se tourna vers une lucrative carrière de portraitiste mondain qui lui apporta une gloire internationale. Mais c’est le portrait de son fils André, réalisé en marge de sa pratique, qui lui valut sa médaille d’or au Salon. Avec Le Masque mortuaire de Beethoven, toile étonnamment décalée, on découvre la subtilité et la complexité de son œuvre. Il montre l’autre dimension de Benjamin-Constant.

« Benjamin-Constant. Merveilles et mirages de l’orientalisme »

Musée des Augustins, 21, rue de Metz, Toulouse (31), www.augustins.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Le triomphe de Benjamin-Constant

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