Le symbolisme selon Charles Maurin

L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 368 mots

Considéré par Edgar Degas (1834-1917) comme l’un des plus talentueux dessinateurs de son temps, Charles Maurin (1856-1914) a depuis sombré dans l’oubli. Originaire du Puy-en-Velay,
il étudie et vit à Paris, au cœur de l’effervescence artistique qui agite la capitale à la fin du XIXe siècle. Soutenu par le marchand de tableaux Ambroise Vollard, proche de Vallotton et de Toulouse-Lautrec, l’artiste est un révolté qui écrit dans Les Temps nouveaux et expose au salon de la Rose-Croix, se définissant volontiers comme un « anarchiste de cœur ».
L’homme est rebelle, mais l’artiste est manifestement davantage sensible à la beauté du monde, des gens et des choses lorsqu’il peint ou dessine. Charles Maurin construit une œuvre à l’évolution rapide, depuis les dessins encore très académiques de ses premières années jusqu’à ses œuvres les plus ambitieuses, lorsqu’il s’aventure sur les chemins du symbolisme.
Là réside la spécificité de l’artiste. Il ne cesse d’osciller entre un réalisme minutieux et la séduction d’une peinture plus mystérieuse. Sa préoccupation principale reste la figure féminine, qu’il dessine ou grave la finesse d’un visage (Femme nue aux cheveux noirs, 1866, œuvre préparatoire à une toile aujourd’hui disparue), ou qu’il stylise le corps d’une femme dans des compositions qui ne sont pas sans évoquer Maurice Denis.
À partir des années 1890, Maurin glisse vers l’étrange, donnant à ses œuvres une profondeur nouvelle. Certaines peintures de cette période comme L’Aurore du rêve, Les Fleurs du mal (vers 1891) comptent parmi les peintures les plus abouties de l’artiste. La ligne sinueuse qui cerne les formes, la gamme chromatique harmonieuse et l’utilisation de la couleur en aplat, le goût des motifs végétaux et le style japonisant apparentent ces œuvres à l’esthétique nabi.
La présente exposition, la première de cette envergure sur Charles Maurin, s’appuie sur la thèse rédigée en 1986 par Maurice Fréchuret, jusqu’ici demeurée inédite. Elle dévoile une centaine d’œuvres graphiques ainsi qu’une vingtaine de peintures prêtées par de grands musées français ou issues de collections privées, dont deux panneaux du triptyque d’Aurore, mais aussi L’Annonciation (une superbe série de pastels) et La Vertu entre deux vices.

« Charles Maurin (1856-1914) », musée Crozatier, jardin Henri-Vinay, Le Puy-en-Velay (43), tél. 04 71 06 62 40, Jusqu’au 30 septembre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Le symbolisme selon Charles Maurin

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