Le symbolisme de Józef Mehoffer

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 412 mots

Dans le cadre de la Saison polonaise, le musée d’Orsay se penche sur l’œuvre de Józef Mehoffer (1869-1946). Avec cette exposition, l’institution poursuit son louable objectif de faire découvrir au grand public des artistes étrangers peu ou pas connus en France. Après de belles surprises comme l’œuvre du Lituanien Ciurlionis (L’Œil n° 521) ou celle du Suédois August Strindberg (L’Œil n° 531), davantage connu pour ses écrits que pour ses peintures, voici donc une trentaine de toiles, de cartons et de répliques de vitraux d’un artiste symboliste adepte de l’art monumental. Le parcours s’ouvre avec des autoportraits et plusieurs toiles mettant en scène sa femme, qui révèlent un bon portraitiste soignant l’expression des visages. Dans ces œuvres au caractère pourtant classique, les préoccupations futures du peintre se dessinent : le goût pour les toilettes féminines et les accessoires, tout un univers qui entoure la figure au risque, parfois, de prendre le dessus sur le personnage, préfigurent la voie qu’il va suivre vers le décoratif. Cette prédominance du décor devient flagrante dans l’une des plus belles œuvres de l’exposition, Les Zinnias (1911), une composition au cadrage audacieux qui fait la part belle à une nature morte au rouge éclatant, au détriment du personnage féminin, coupé à droite de la scène. L’Étrange Jardin (1902-1903) est une œuvre charnière : d’un côté la posture classique de la femme, un traitement du paysage qui ne l’est pas moins, de l’autre une libellule géante, en haut de la composition, qui fait basculer l’œuvre dans une dimension onirique et symboliste. L’artiste va trouver son épanouissement dans l’art monumental, et l’exposition rend compte de cet aspect en présentant des cartons réalisés pour des vitraux et des projets de fresques où se mélangent les influences de l’art populaire et de l’Art nouveau. D’une grande richesse de couleurs, les compositions à la fois libres et rigoureuses que sont L’Archange saint Michel ou les Anges aux étoiles, deux cartons pour les fresques du trésor de la cathédrale du Wawel, s’avèrent particulièrement convaincantes. Tout comme le projet d’Ange conçu pour la cathédrale de Plock, qui n’a jamais été réalisé, son style étant alors très discuté. Quoi qu’il en soit, ces œuvres semblent les plus personnelles de Mehoffer, au regard de cette exposition réussie qui donne envie d’en savoir plus sur l’artiste.

« Józef Mehoffer, un peintre symboliste polonais », PARIS, musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’honneur, viie, tél. 01 40 49 48 14, 16 juin-12 septembre. Catalogue musée d’Orsay/5 continents, 19,95 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Le symbolisme de Józef Mehoffer

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