Le sacerdoce de Rouault

L'ŒIL

Le 1 juillet 1998 - 255 mots

« On commence par être un artisan, on devient un artiste si on le peut ». Ebéniste, puis peintre-verrier, Georges Rouault (1874-1958) rejoint à l’âge de 20 ans l’Ecole des Beaux-Arts de Paris ; il y rencontre Gustave Moreau dont il est l’élève favori. Devenu artiste, Rouault reste pourtant un homme de métier : il grave. A partir de la fin des années 1910, son œuvre graphique prend même le pas sur sa peinture. Il consacre alors dix années de sa vie – de 1917 à 1927 – à la réalisation du Miserere, une suite de 58 gravures marquée par la douleur de la guerre, où transparaît son engagement religieux. Cette suite fut entreprise à l’instigation d’Ambroise Vollard, le marchand exclusif de Rouault à partir de 1917. Toute la détresse humaine et le mystère de l’univers s’y trouvent résumés, à travers une bouleversante procession de clowns, de juges, de filles de joie, d’ouvriers... Des figures isolées, dépouillées, et d’une grande densité malgré l’économie de moyens dont elle font l’objet. Les sujets sont traités avec autorité, simplement cernés d’un contour affirmé ; les larges aplats et les contrastes de lumière confèrent aux compositions une structure géométrique.
C’est par cet œuvre, présenté dans sa totalité par la maison de la culture de Namur, que Georges Rouault précise son style, en faisant définitivement le choix d’un parti synthétique et statique. Elle fut pour lui une tâche « d’importance essentielle », où « j’ai mis le meilleur de moi-même » écrit-il.

NAMUR, Maison de la culture, jusqu’au 14 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°498 du 1 juillet 1998, avec le titre suivant : Le sacerdoce de Rouault

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