Le romantisme lorrain de Jean-Baptiste Claudot

Par Bertrand Dumas · L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 362 mots

En passant par la Lorraine avec ses pinceaux, le védutiste Jean-Baptiste Claudot (1733-1805) réchauffe les paysages de son enfance, en y ajoutant une fantaisie toute méridionale. En prenant l’Italie pour modèle, il rénove en profondeur la peinture de paysage en Lorraine. Un genre consommé par ses maîtres nancéiens dont l’influence sur le jeune peintre fut de courte durée. Il ajoute dans ses tableaux un sentiment préromantique nouveau qui fait la saveur et l’originalité de ses plus belles compositions.
L’exposition du Musée lorrain révèle une œuvre abondante et hétéroclite. Tour à tour portraitiste, peintre religieux et de nature morte, Claudot s’impose rapidement comme le meilleur peintre lorrain de paysage. Il doit sa réussite dans ce domaine à son maître, Joseph Vernet, rencontré lors de son séjour à Paris de 1767 à 1769.
Vernet, le paysagiste du roi, transmet à son élève son goût pour le paysage de fantaisie. À l’intérieur d’une  nature idyllique, censée évoquer la campagne romaine, des groupes de personnages peuplent des hameaux pittoresques et des ruines antiques regroupés dans un but purement décoratif. À ce jeu des assemblages, Le Bocage est une réussite.
À partir d’une étude attentive de la lumière, Claudot va céder à la veine préromantique initiée par Joseph Vernet. La nature n’est plus seulement un décor superbe mais devient, à grand renfort d’effets atmosphériques, une charge de sentiment. Une douce mélancolie pointe à trop regarder Le Clair de lune ou L’Orage. Cette approche sensible du paysage est une expérience inédite dans la peinture de paysage en Lorraine dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
Claudot revient à des solutions plus anciennes au tournant du siècle. Ses vues topographiques de village et de villes n’en sont pas moins remarquables pour leur sens aigu du détail. De la même manière, ses nombreux « portraits de châteaux », illustrent l’attachement de Claudot à la manière minutieuse de son premier maître André Joly.
Jean-Baptiste Claudot répond, comme peu d’autres peintres régionaux de sa génération, aux multiples destinations de ses œuvres et aux désirs raffinés de ses commanditaires.

« Jean-Baptiste Claudot, le sentiment du paysage en Lorraine au XVIIIe siècle », Musée lorrain, 64, Grande Rue, Nancy (54), www.mairie-nancy.fr, jusqu’au 16 octobre 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Le romantisme lorrain de Jean-Baptiste Claudot

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