Le peintre, le musicien et le photographe

L'ŒIL

Le 1 juin 1999 - 234 mots

Il y a ce piano à queue au couvercle soulevé, affectant la forme d’une grosse note de musique noire. Et dans le coin, tout à fait en bas à gauche, la tête appuyée sur la paume de la main, Igor Stravinski, presque anecdotique dans cette composition abstraite qui semble signée d’un autre Newman, Barnett Newman. Ainsi vont les portraits d’Arnold Newman, photographe new-yorkais né en 1918. Construits comme des dialogues, amusés parfois, avec l’œuvre et la personnalité de ses modèles, habités par eux au point que l’on s’interroge sur la paternité de l’image. Qui en a décidé, qui l’a mise en scène ?
Le peintre, le musicien ou le photographe ? À l’évidence, leur complicité est rarement prise en défaut. Sans doute Newman a-t-il eu la chance depuis plus de cinquante ans de ne travailler qu’avec les gens qu’il apprécie, qu’il peut initier à son jeu. Sans doute aussi l’époque, l’âge d’or des picture-magazines, s’y est-elle prêtée. Les belles revues populaires passaient généreusement commande et les photographes occupaient une place à part dans le panthéon médiatique. Les photos d’Arnold Newman ont alors bénéficié de mises-en-pages somptueuses dans Life, Look et d’autres. On les achète encore pour cela chez les bouquinistes, pour ces photos exemplaires qui ont marqué l’histoire du médium et qui, aujourd’hui, bien mieux tirées qu’en leur temps, s’exposent dans les musées, dans les galeries.

NEW YORK, Howard Greenberg Gallery, jusqu’au 19 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Le peintre, le musicien et le photographe

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