Le neuvième Mois de la Photo persiste et signe

Plus de quatre-vingts expositions à travers trois thèmes

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 1151 mots

"La richesse d’un festival, c’est l’abondance, la profusion", nous déclarait, il y a deux ans, Jean-Luc Monterosso, commissaire général du Mois de la Photo à Paris et devenu depuis également directeur de la toute jeune Maison européenne de la Photographie (MEP). La neuvième Biennale ne déroge pas à ce principe puisqu’elle affiche plus de 80 expositions dans des institutions publiques et des galeries.

Écartant les critiques invitant à plus de rigueur et d’indépendance dans la programmation, Paris Audiovisuel persiste et signe en proposant un nouveau marathon, épuisant, voire impossible à courir dans son intégralité par l’amateur. Du reportage aux images numériques, en passant par le portrait ou la "photographie plasticienne", ce flot d’images vise à satisfaire tous les goûts sans affirmer une réelle cohérence des choix. "L’abondance", en revanche, permettra toujours au visiteur de faire son miel en découvrant ou revoyant des photographes qui lui sont chers. Comme pour les autres éditions, trois thèmes, bien vastes, voire attrape-tout, ont été retenus. Le premier, "un art en partage", est le plus inédit puisqu’il s’intéresse au double, à la différence et à la similitude, au masque et au travestissement, en réunissant photographies traditionnelles et manipulations par ordinateurs. Il est dominé par l’exposition "Double vie, double vue" à la Fondation Cartier (lire ci-dessous). Le second, "l’Ailleurs", plus banal, entraîne le visiteur à la découverte du monde – les pyramides d’Égypte ; les archives de la planète d’Albert Kahn… – et aussi à celle d’un itinéraire plus secret ou intime. Enfin, le troisième – mais est-ce véritablement un thème ? – fédère les expositions des centres culturels étrangers dans la capitale. Voici une sélection d’expositions ouvrant ce mois-ci, le JdA reviendra en décembre sur quelques expositions vues.

- Frank Horvat
D’abord photographe de reportage, puis célèbre photographe de mode pour Vogue, le Jardin des Modes et Harper’s Bazaar, Frank Horvat s’intéresse maintenant à l’image numérique en couleur. Son travail en noir et blanc sur Paris et Londres, les deux villes où il a principalement séjourné dans les années cinquante et soixante, a jusqu’à présent été peu présenté ou publié.
Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, 75003 Paris, tél. : 01 42 72 21 13, jusqu’au 23 février 1997

- Les carnets africains de Peter Beard
Œuvres anciennes et dernières photographies, totalement iné­dites, des collages et des Polaroid géants, d’un photographe installé au Kenya depuis 35 ans. Peter Beard traite de la vie et de la mort dans ce qu’elles ont de plus quotidien mais aussi de plus tragique. Dans ses carnets de route, il associe images et textes : les portraits de Francis Bacon ou de Richard Lindner voisinent avec le génocide des crocodiles ; ses souvenirs d’une vie civilisée se mêlent aux objets d’initiation masaïs. Un Photo Poche (62 photos quadri, texte de Christian Caujolle, 60 F) est édité par le CNP.
Centre national de la Photographie, 11 rue Berryer, 75008 Paris, tél. : 01 53 76 12 32, du 6 no­vembre au 20 janvier 1997

- Des photographes pensionnaires
Une des expositions les plus éclectiques du Mois puisqu’elle associe quinze photographes qui n’ont en commun que de s’être succédé à la Villa Médicis entre 1980 (date d’entrée de la photographie à l’Aca­démie de France à Rome) et 1994. Voi­sineront donc Bernard Richebé, François Bergeret dit Gaston, François Dele­becque, Antoine Poupel, Patrick Faigen­baum, Alain Fleis­cher, Marc Le Mené, Éric Poitevin, Max Ar­men­gaud, Jean-Chris­tophe Ballot, Frédé­ric Brenner, Isabel Formosa, Thibaut Cuisset (également ex­po­sé à la galerie Fro­ment-Putman), Thier­ry Ur­bain et Xavier Zim­mer­mann. Ils présenteront soit des travaux réalisés pendant leur séjour, soit des pièces ultérieures. Un catalogue a été édité par Carte Segrete, à Rome.
Fondation Électricité de France, Espace Électra, 6 rue Récamier, 75007 Paris, tél. : 01 42 84 23 60, du 7 no­vembre au 29 décembre

- Un père en Afrique
Quelque 327 autochromes, seules ima­ges à témoigner de l’Afrique noire dans les Archives de la Planète (1910-1931) d’Albert Kahn, prises par un père des Missions africaines de Lyon, Francis Aupiais, qui voulait démontrer que les Africains ont une vie "spirituelle intense " et que le "fétichisme est une religion."
Musée départemental Albert-Kahn, 14 rue du Port, 92100 Boulogne-Billancourt, tél. : 01 46 04 52 80, jusqu’au 29 juin 1997

- Le camp de Châlons sous le Second Empire
En 1857, Napoléon III crée le camp d’entraînement militaire de Châlons, dont il fait un instrument de célébration de la gloire impériale. Les images de Gustave Le Gray, Prévôt et Delaplace, appartenant aux collections du musée,  témoignent de l’organisation du camp, présentent ces troupes prestigieu­ses dans leur vie quotidienne et offrent le spectacle d’un théâtre grandiose.
Musée de l’Armée, Hôtel National des Invalides, salles du Quesnoy/entrée Occident, 75007 Paris, tél. : 01 44 42 38 38, jusqu’au 12 janvier 1997

- Nouvelles objectivités
L’exposition retrace un siècle de recherches photographiques, de la photographie dite "ob­jective" aux diver­ses expressions de l’Abs­trac­tion, en passant par la Nouvelle objectivité. Elle montre pour la première fois un choix de 70 tira­ges originaux de la collection permanente de la Deutsche Gesellschaft für Pho­tographie avec, en particulier, des œuvres de Fritz Brill, Char­ges­heimer, Hugo Erfurth, Heinz Hajek-Halke, Fritz Kempe, Herbert List, August Sander, Liselotte Strelow, Peter Keetman, Albert Renger-Patzsch.
Goethe Institut, Centre culturel allemand, 17 avenue d’Iéna, 75016 Paris, tél. : 01 44 43 92 30, du 7 novem­bre au 20 décembre

- Robert Frank
Cette exposition re­groupe des images réalisées entre 1941 et 1994 par le célèbre photographe, né en Suisse en 1924. Celles-ci proviennent à la fois d’un don par Robert Frank d’un important ensemble – images très célèbres, ou inconnues – à la Fon­dation suisse pour la Photographie et d’une acquisition par cette dernière d’une autre collection appartenant à un ami suisse de Robert Frank. On y trouve en particulier les précieux clichés qui ont servi à constituer l’album Black White and Things de 1952.
Centre culturel suisse, 38 rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris, tél. : 01 42 71 44 50 ou 01 42 71 38 38, du 22 novembre au 26 janvier 1997

- Ed van der Elsken
Qualifié "d’enfant terrible" de la photographie néerlandaise, Ed van der Elsken a fixé pendant plus de quarante ans ses rencontres à Paris, Tokyo, Amsterdam, en Afrique ou au Japon, dans des clichés, des livres de photos et des films. Il oriente son objectif vers des individus pittoresques. À l’occasion de cette exposition, un cycle de films sur Ed van der Elsken est projeté à l’Institut néerlandais et à la Maison européenne de la Pho­tographie.
Institut Néerlandais, 121 rue de Lille, 75007 Paris, tél. : 01 47 05 85 99, du 6 novembre au 8 décembre

- Willy Ronis
Willy Ronis n’a jamais voulu s’intéresser à "l’insolite, au jamais-vu, à l’extraordinaire". Cent soixante-dix images illustrent "une marche à petits pas vers une représentation poétique du bonheur modeste".
Pavillon des arts, 101 rue Rambuteau, Terrasse Lautréamont, 75001 Paris, tél. : 01 42 33 82 50, jusqu’au 4 février 1997

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Le neuvième Mois de la Photo persiste et signe

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