Art contemporain

Charquefou (44)

Le monde hybride de Makiko Furuichi

Frac des Pays de la Loire - Jusqu’au 7 octobre 2018

Par Amélie Adamo · L'ŒIL

Le 29 août 2018 - 304 mots

Au seuil de l’exposition, une porte. Peints à l’aquarelle sur l’embrasure et le mur mitoyen : ici, un homme arbre dont le corps devient liane, là, un paresseux à forme humaine.

Hybride, bizarre, mi-souriant mi-grimaçant : bienvenue dans le monde de Makiko Furuichi ! Bien qu’elle explore divers médiums, l’artiste japonaise travaille beaucoup l’aquarelle sur papier et l’huile sur toile grâce auxquelles elle crée un univers à l’onirisme foisonnant et coloré. Volontiers nourries de mangas et de réminiscences à son enfance japonaise, les créatures qu’invente Makiko Furuichi paraissent sortir d’un monde flottant, mi-aquatique mi-végétal, mi-fantomatique mi-humain. Entre le mignon et le monstrueux, le rêve et le réel, le figuré et l’abstrait, les formes sont ambiguës, les êtres sont doubles. Effets de textures, traces de gestes, coulures : les traits de ces créatures apparaissent et disparaissent en visions douces et troublantes. D’apparence séduisante, aux onctueux roses et verts, ces visions toujours cachent une légère inquiétude. Comme derrière ce feuillage où vous fixe, là, une tête masque aux orbites creuses, ici, une foule de regards interrogateurs. Parfois, les sujets sont plus ouvertement politiques, directement inspirés par la réalité médiatique, comme ce tableau Parlement, issu d’une série d’œuvres réalisées d’après des images vues sur Internet de disputes déchirant les membres des gouvernements internationaux. En travaillant sur la saturation de l’espace, sur l’agressivité des couleurs et leurs effets de coulures, Makiko transforme une image de la vie quotidienne (censée représenter un ordre stable et raisonné) en une mise en scène surréaliste où les visages tendus deviennent masques et où les jeux de mains se muent en gestuelles étranges. Amas de têtes et de corps qui suggère le déséquilibre et la violence sommeillant dans l’inconscient de chaque être. Une veine « politique » qui ouvre le travail de Makiko aux contradictions du monde contemporain et lui donne une teinte plus corrosive.

« Makiko Furuichi, Kaki Kukeko »,
Frac des Pays de la Loire, 24 bis, boulevard Ampère, La Fleuriaye, Carquefou (44), fracdespaysdelaloire.com

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°715 du 1 septembre 2018, avec le titre suivant : Le monde hybride de Makiko Furuichi

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