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Monaco (Monaco)

Le monde entier est un cactus

Villa Sauber – Nouveau Musée national de Monaco – Jusqu’au 11 janvier 2026

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 23 septembre 2025 - 349 mots

Art Contemporain -  Symboliquement, pour pallier provisoirement la fermeture du magnifique jardin exotique de Monaco, une exposition est consacrée au cactus.

Cette plante singulière y est abordée au prisme de la botanique et de l’art, sous le commissariat de l’ingénieur agronome Marc Jeanson et de Laurent Le Bon, président du Centre Pompidou. C’est aux connaissances scientifiques du premier que l’on doit la présentation, en ouverture du parcours, d’une impressionnante diversité de cactées – entre 1 400 et 1 800 espèces. Il crée un lien avec l’art en rappelant que « l’esthétique propre aux cactées a fasciné de nombreux artistes. » L’exposition explore ainsi la place du cactus dans l’histoire de l’art, de la photographie et du cinéma. Dès l’entrée, les commissaires brouillent les pistes en jouant sur la porosité entre le naturel et l’artificiel. Avant même d’entrer dans la Villa Sauber, le visiteur traverse une installation de l’artiste égyptienne Ghada Amer (née en 1963) sous la forme d’un mini-jardin de cactus d’une régularité exemplaire, un paysage cultivé, façonné par l’homme (Cactus Painting, 1998-2025). Le Libanais Ali Cherri (né en 1976) imite, lui, les feuilles de cactus en résine. Plus loin, une sculpture de Constantin Brancusi (1876-1957) joue sur le contraste entre les formes anguleuses et celles, arrondies, qui évoquent le caractère organique de cette plante (Plante exotique, 1925). Décliné à l’infini, le cactus devient un visage sans traits dans la belle série photographique d’Henri Foucault (né en 1954), ou une tête coiffée de figues de Barbarie chez Yannick Vu (né en 1942). Très présent au cinéma, notamment dans les westerns, il reste indissociable des paysages arides et des cowboys solitaires. Pour le regard occidental, le cactus demeure un signe d’étrangeté – ce sont les traditions picturales sud-américaines qui ont introduit ses premières représentations en Europe. Vestige de civilisations dites « primitives » ou symbole d’une nature inhospitalière, presque pétrifiée, dans des paysages de poussière et de sécheresse, le cactus devient l’emblème d’un monde non industriel, enraciné dans sa terre. Pour reprendre la formule de Didier Semin, auteur et professeur d’histoire de l’art à l’École des beaux-arts de Paris, il est « la rose du pauvre ».

« Cactus »,
Villa Sauber – Nouveau Musée national de Monaco, 17, avenue Princesse Grace, Monaco (Monaco), www.nmnm.mc

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : Le monde entier est un cactus

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