Photo - La photographe française Sophie Ristelhueber (née en 1949) a reçu en octobre à Göteborg le Hasselblad Award 2025, la plus prestigieuse récompense dans le domaine de la photographie.
Ce prix célèbre l’exigence d’une œuvre qui, depuis quarante ans, interroge la représentation des notions de paysage, de territoire et de frontières. La démarche de Ristelhueber pourrait être comparée à celle d’un archéologue qui scrute et enregistre les traces laissées par l’homme dans le milieu naturel et urbain. Elle est notamment connue pour s’être intéressée à des paysages en crise, à des territoires déchirés par les conflits et la guerre, en partie au Proche et au Moyen-Orient. L’exposition s’ouvre justement sur la série « Fait » (1992), réalisée au Koweït en 1991, à l’issue de la guerre du Golfe. Accrochées du sol au plafond, sur trois murs consécutifs, les vues aériennes et terrestres du désert montrent un territoire lacéré par les impacts des bombes et les tranchées creusées dans le sable. Cette violence de la guerre à l’encontre d’un espace et d’une surface est également au cœur de l’ensemble « Beyrouth, photographies » (1984) : 31 tirages noir et blanc de petit format, constituant une ligne au mur, dépeignent une ville en ruines à travers les détails d’immeubles criblés de balles et démembrés. Ces façades meurtries font également écho aux victimes de cette guerre civile, absentes des images. À l’inverse, l’immense tirage de la série « Every One » (1994) se focalise sur une plaie au visage fraîchement suturée. Autre manière pour l’artiste de figurer les traces de la violence qui s’exerce sur les corps et les territoires. Les onze séries exposées à Göteborg témoignent de la quasi-absence de personnages vivants dans l’œuvre de Ristelhueber qui privilégie les fragments de réalité. « What the Fuck » (2024) est l’un des rares corpus introduisant, sous la forme de portraits d’animaux (brebis, sanglier, aiglon), la présence d’un être vivant. Inoffensifs et sublimés par l’artiste, ils semblent porteurs d’un message d’espoir face à notre monde perpétuellement ébranlé.
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Le monde ébranlé de Sophie Ristelhueber
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : Le monde ébranlé de Sophie Ristelhueber





