Le Metropolitan dévoile l’œuvre sur papier de Kiefer

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 22 janvier 1999 - 437 mots

Le Metropolitan Museum of Art (Met) fait découvrir, jusqu’au 21 mars, l’œuvre sur papier d’Anselm Kiefer, dont un ensemble de cinquante-quatre aquarelles, estampes et dessins exécutés dans les années soixante-dix et quatre-vingt, exposés pour la première fois au public. Une œuvre iconoclaste, un regard provocant porté sur l’histoire et la culture allemandes.

NEW YORK - Anselm Kiefer a atteint sa majorité au milieu des années soixante, en Allemagne. Ne supportant pas le “silence assourdissant” qui enveloppait l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, il a réagi en exécutant des œuvres d’art prenant Hitler pour sujet. Sa série de photographies intitulée Heil Hitler – affublées de titres aussi surprenants que De l’Été à l’automne 1969, j’ai occupé la France, l’Italie et la Suisse. Quelques photographies – le montre effectuant le salut nazi.

Kiefer, aujourd’hui âgé de cinquante-trois ans, a depuis largement puisé son inspiration dans la culture allemande, n’hésitant pas à introduire dans ses grandes toiles aux épaisses couches de peinture des références à Wagner, à la philosophie ou au romantisme allemand, au folklore et bien évidemment à la dernière guerre. Bien qu’il puisse paraître facile de s’approprier des images emblématiques et des slogans pour donner un sens à des compositions qui, autrement, resteraient anonymes – comme écrire Parsifal au milieu d’une toile abstraite ou titrer Virginia Woolf une aquarelle représentant une femme endormie –, sa popularité n’a cessé de croître.

L’exposition que lui consacre le Met prouve qu’Anselm Kiefer est entré dans le Panthéon des grands artistes de l’après-guerre. Elle nous offre l’occasion de découvrir son œuvre sur papier, dont un ensemble de cinquante-quatre aquarelles, estampes et dessins exécutés dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Ces œuvres, acquises en 1995 par Bill Lieberman, conservateur de l’Art contemporain au Met, seront exposées pour la première fois au public. “L’intérêt des œuvres sur papier d’Anselm Kiefer provient de la combinaison d’éléments comiques et provocants, explique Nan Rosenthal, conservateur au Met. Ses jeux de mots visuels donnent plus de force à ces sujets complexes. Le chemin escarpé de Siegfried à Brünhilde, une photographie recouverte de gouache et d’aquarelle représentant une voie de chemin de fer, fait par exemple allusion au héros de Wagner à la recherche de l’amour, mais aussi à l’histoire du réseau ferré dans l’ex-Allemagne de l’Est. “L’histoire influence notre regard sur les choses”, a dit Anselm Kiefer, il y a quelques années. Chaque fois que nous voyons des voies de chemin de fer, nous pensons à Auschwitz. Et cela n’est pas prêt de changer”.

ANSELM KIEFER

Jusqu’au 21 mars, Metropolitan Museum of Art, 1000 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 879 5500, tlj 9h30-17h15, vendredi et samedi 9h30-21h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°75 du 22 janvier 1999, avec le titre suivant : Le Metropolitan dévoile l’œuvre sur papier de Kiefer

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