Bâle (Suisse)

Le haut de l’affiche au Musée Tinguely

Musée Tinguely, jusqu’au 11 janvier 2015

Par Virginie Duchesne · L'ŒIL

Le 19 novembre 2014 - 346 mots

« Je faisais le contraire des street artistes que je fréquente maintenant, je prenais dans la rue pour l’apporter en galerie. » Le regard pétillant, son chapeau posé sur la table, Jacques Villeglé, 88 ans, est venu raconter l’épopée des affichistes, à l’occasion de l’exposition qui leur est consacrée au Musée Tinguely.

En 1957, il expose avec Raymond Hains, à la Galerie Colette Allendy à Paris, des fragments d’affiches pris dans la rue, présentés comme des objets de la réalité contemporaine. L’exposition s’intitule « Loi du 29 juillet 1881 ou le lyrisme à la sauvette ». « L’art devait s’occuper de la vie. Les affiches étaient le journal de la rue. Avec elles, je faisais de la peinture d’histoire. » Prendre dans la rue les images et les mots, parler autant de politique que de publicité et de consommation, décoller et recoller et, ainsi, saisir la réalité et la vie. L’aventure a commencé une dizaine d’années auparavant, et c’est sur ces débuts que s’attarde cette première exposition consacrée aux affichistes en Suisse. Elle tire le fil des inspirations et des premières expérimentations du duo, rejoint par François Dufrêne, puis par l’Italien Mimmo Rotella. Elles sont photographiques et cinématographiques pour Villeglé et Hains, poétiques et orales pour le lettriste Dufrêne. Dans une petite pièce noire, se joue son film onomatopéique et sans images Tambours du jugement premier (1952). Le chœur entame sa partie : « TAIA(O)TAOMA(O)DOOTE(U) ». La suite du parcours, conçu comme une déambulation dans la ville, distribue les affiches par thématiques, parfois de façon poussive. L’espace du lettrisme rassemble donc les affiches avec lettrages, celui de la politique celles électorales et syndicales. Avec Mimmo Rotella, elles frayent avec le pop art contemporain, s’appropriant la culture populaire, depuis le cirque avec La Tigre jusqu’aux icônes américaines Marilyn et Kennedy. Aux débuts des années 2000, Jacques Villeglé en a définitivement fini avec les affiches mais continue à parcourir la ville. L’an dernier, il traçait clandestinement son alphabet sociopolitique sur un tableau noir dans les sous-sols du Palais de Tokyo aux côtés des street artistes Sowat et Lek.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°674 du 1 décembre 2014, avec le titre suivant : Le haut de l’affiche au Musée Tinguely

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