Le goût hollandais du dessin français

L'ŒIL

Le 1 avril 2003 - 358 mots

La présence de dessins français dans le fonds d’arts graphiques du Rijksmuseum d’Amsterdam est d’abord liée à l’évolution du marché de l’art au XVIIIe siècle, âge d’or de la collection aux Pays-Bas. L’art français est alors très recherché et les dessins arrivent sur le marché par l’intermédiaire des libraires, des marchands d’art et d’estampes.
Le graveur parisien Bernard Picart se fixe en Hollande en 1711 et apporte une importante collection de dessins. En 1761 a lieu à Amsterdam la vente publique de la collection du graveur et marchand Gabriel Huquier : plus de six mille feuilles, dont quatre-vingt-quatre dessins de Boucher et trente-sept
de Watteau, sont dispersées, vendues en majorité à des collectionneurs hollandais. Ces circonstances font que, petit à petit, des dessins français vont entrer dans les collections du musée hollandais, sans politique d’acquisition particulière – ce n’est qu’en 1879 que le Rijksmuseum entreprendra une véritable collection de dessins –, mais plutôt au gré des occasions. Jusqu’à constituer, au final, un ensemble d’œuvres tout à fait remarquable dont l’Institut néerlandais offre ici un bel aperçu. Cinq Fragonard, neuf Watteau, treize Boucher, un Greuze et un Ingres issus de la collection du banquier Fritz Mannheimer (1890-1939), constituent la part essentielle de ce fonds. Originaire de Stuttgart, il s’installe aux Pays-Bas en 1916 où il commence à réunir tableaux, dessins et objets d’art. Il acquiert quelques feuilles d’artistes français du xviiie siècle, alors très recherchées. À sa mort, les œuvres reviennent à l’État néerlandais qui, en 1953, en confie la majeure partie au Rijksmuseum d’Amsterdam. Depuis, la collection s’est régulièrement enrichie, avec en 1959 un carnet de croquis de Fragonard – le seul à avoir été conservé dans son intégralité –, des dessins de Girodet en 1961, d’Hubert Robert en 1966 et de Prud’hon en 1978. Modeste au regard de l’ensemble conservé au Cabinet des estampes, le fonds de dessins français du Rijksmuseum mérite toutefois largement le détour et donne, à son échelle, une vision représentative de l’art du dessin en France au XVIIIe siècle.

PARIS, Institut néerlandais, 121 rue de Lille, VIIe, tél. 01 53 59 12 40, 20 mars-18 mai, cat. 320 p., 144 ill., 45 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°546 du 1 avril 2003, avec le titre suivant : Le goût hollandais du dessin français

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