Le bon élève

Mantoue réhabilite Perino del Vaga

Le Journal des Arts

Le 16 mars 2001 - 543 mots

Peintre des Doria à Gênes et des Farnèse à Rome, Pietro Buonaccorsi, dit Perino del Vaga (1501-1547), a aussi été fresquiste, stucateur et architecte. Renommé en son temps, l’histoire l’a progressivement considéré comme un simple suiveur de Raphaël. À l’occasion du 500e anniversaire de son édification, le palais du Té de Mantoue remet à l’honneur cet artiste florentin. Nous avons interrogé Elena Parma, commissaire de l’exposition.

De son temps, Perino del Vaga a joui d’une remarquable fortune critique. Pourquoi a-t-il, ensuite, été sous-estimé ?
Principalement à cause d’un changement de goût. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’école de Raphaël a souffert d’une réputation médiocre. Au XIXe siècle, ces préjugés ont disparu en même temps que les historiens qui considéraient l’école de Raphaël comme décadente. Peu à peu, l’intérêt renaît avec l’ouverture du Musée de l’académie de Saint-Luc et le regain d’études critiques et de biographies romancées qui fleurissent dans la culture romantique. L’Atelier de Raphaël (1837) de Francesco Podesti d’Ancône figurant le maître peignant dans les salles du Vatican, entouré de Bramante, Castiglione, Jules Romain et Perino del Vaga, symbolise cette nouvelle attention. En outre, le Florentin n’a réalisé que peu d’œuvres de chevalet, se consacrant plutôt à de grands cycles décoratifs. Or, le Palazzo Doria à Gênes n’est ouvert au public que depuis quelques années ; les fresques du château Saint-Ange n’ont été restaurées que dans les années 1970 et celles de la Trinità dei Monti, également à Rome, ont été dispersées.

Quelles œuvres inédites sont exposées ?
Il y a d’abord le carton du Louvre avec Jupiter et Danaé de la série perdue des tapisseries des Amours de Jupiter, tissée à Bruxelles entre 1532 et 1535 pour le Salon des Géants du Palazzo Doria. Seront également exposés deux autres cartons du Musée de l’Accademia Ligustica de Gênes, la Ligurie et la Vigilance, autrefois considérés comme des projets pour des façades peintes, et restaurés à l’occasion de l’exposition.

Quelle ligne avez-vous choisie pour cette étude approfondie sur Perino del Vaga ?
Perino del Vaga se révèle être un grand dessinateur et architecte. Son style et la virtuosité de son dessin à la fois libre et violent, la variété de ses techniques graphiques sont fondamentaux pour la compréhension de la manière moderne.

Gênes a-t-elle été une étape importante dans l’affirmation de son talent artistique ?
Les Doria voulaient une cour royale et somptueuse. Ils ont donné à Perino del Vaga l’occasion de réaliser ces décors qui sont devenus des modèles pour l’époque. À Gênes, il recevait aussi d’importantes commandes, comme en témoigne la série de retables d’autels et de polyptyques pour des confraternités, tel le Polyptyque de San Michele.

Élève de Raphaël, Perino del Vaga a contribué à en diffuser la manière.
De Raphaël, Perino a retenu l’élégance du tracé et la grâce de la composition. Il s’est largement inspiré du maître : dans l’étude de l’antique, dans le thème des grotesques qu’il parvient à imposer comme une mode de son époque ou dans sa capacité à mener de grands chantiers. À la fin de sa carrière, lorsqu’il entre au service de Paul III, Perino del Vaga côtoie aussi Michel-Ange.

- Perino del Vaga : entre Raphaël et Michel-Ange, jusqu’au 10 juin, palais du Té, Viale Te 19, Mantoue, tél. 39 376 32 32 66, tlj 9h-18h

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°123 du 16 mars 2001, avec le titre suivant : Le bon élève

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