Art ancien - Art contemporain

Bilbao (Espagne)

Le baroque vu à travers l’art d’aujourd’hui

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 22 août 2013 - 355 mots

Si un titre ne fait pas toujours une exposition, un générique ne la fait pas davantage. Maurizio Cattelan, Urs Fischer, Paul McCarthy ou Cindy Sherman peuvent bien apparaître dans la distribution de « Riotous Baroque » – le baroque débridé –, l’exposition n’est pas à proprement parler une présentation d’art contemporain.

Les véritables stars de cet accrochage, déployé sur tout le troisième étage du Guggenheim Bilbao, s’appellent José de Ribera, Jan Steen, David Teniers, Simon Vouet et Zurbarán. Ils ont tous travaillé au XVIIe siècle et illustrent le chapitre sur l’art baroque dans les manuels d’histoire de l’art.

Le projet de la commissaire Bice Curiger, ancienne conservatrice du Kunst-haus de Zurich et commissaire de la Biennale de Venise en 2011, ne souffre aucune ambiguïté : cette exposition qui fait cohabiter les deux époques ne cherche par « à revendiquer l’existence d’un courant stylistique néobaroque », elle « veut sortir la Rome baroque de son cadre conventionnel au sein de l’histoire du style et se débarrasser des clichés artistiques formels. L’exposition, explique la commissaire, n’est pas sur le faste, l’ornement et l’or, elle rend hommage à la vitalité précaire, une vitalité qui est vécue, retrouvée, perdue, projetée et menacée de mort ». Autrement dit, l’art actuel doit permettre de relire la période baroque.

Original ? Culotté ! Mais diablement efficace. Les femmes nues photographiées par Juergen Teller dans les salles vides du Louvre forcent à regarder autrement les vices mis en scène par Jan Steen. Les trognes de Boris Mikhailov rendent presque sympathiques celles du peintre hollandais. Et si les artistes baroques, comme ceux d’aujourd’hui, exprimaient finalement la décadence d’une société, finit-on par se demander ? On peut le supposer lorsque les scènes burlesques de Faustino Bocchi témoignent du même équilibre instable que celui scénarisé dans l’installation vidéo de Ryan Trecartin. Tout peut basculer à n’importe quel moment, met en garde la ballerine noire en pâte à modeler de Nathalie Djurberg. Quant à savoir si les artistes contemporains n’éclipsent pas leurs aînés ? C’est tout le contraire.

Infos pratiques

« Riotous Baroque », usqu’au 6 octobre 2013, Musée Guggenheim, Avenida Abandoibarra 2, 48001 Bilbao (Espagne), www.guggenheim-bilbao.es/fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°660 du 1 septembre 2013, avec le titre suivant : Le baroque vu à travers l’art d’aujourd’hui

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