Art ancien

Chantilly (60)

L’autre Watteau

Au Musée Condé – Jusqu’au 15 juin

Par Marie Zawisza · L'ŒIL

Le 23 avril 2025 - 333 mots

Xviiie Siècle -  D’Antoine Watteau (1684-1721), on connaît surtout les fêtes galantes, dont Le Pèlerinage à l’île Cythère conservé au Louvre est l’un des chefs-d’œuvre.

Ce genre dont il est l’inventeur représente des jardins luxuriants où des aristocrates qui semblent des personnages de théâtre cultivent l’art de séduire et d’aimer dans un temps suspendu. L’exposition du château de Chantilly invite à découvrir les autres mondes de l’artiste : des portraits, des copies et réinterprétations des maîtres anciens ou encore des scènes où il capte les attitudes ou les divertissements de ses contemporains. Avec quatre peintures et six dessins, le Musée Condé conserve la deuxième plus importante collection de ses œuvres en France après le Louvre ; elle est présentée pour la première fois dans son intégralité. L’exposition la fait dialoguer des collections publiques et privées, françaises ou internationales, et notamment avec des peintures et dessins appartenant au collectionneur français Lionel Sauvage, très rarement exposés, dont la présence est d’autant plus précieuse que ces derniers ont échappé de justesse aux flammes des gigantesques incendies de Los Angeles, en début d’année [lire p. 16]. Cette délicate conversation entre des œuvres qui se rencontrent pour la première fois introduit le visiteur dans le secret de la création de Watteau. À travers des esquisses de visages aux expressions tantôt espiègles tantôt rêveuses, où se dessinent des fossettes marquées ou des nez délicatement saillants, on s’éloigne un instant des figures idéalisées des fêtes galantes pour pénétrer un univers plus intime. Au fil des dessins à la sanguine, au fusain et à la craie blanche, accompagnés de quelques tableaux de petit format, se révèlent de vibrants instants de vie – un guitariste accordant son instrument, un pèlerin qui nous toise, un Savoyard montrant une marmotte ou encore des soldats savourant un rare moment de repos. Parallèlement, dans ses copies de modèles anciens, s’illustre la sensibilité du regard de l’artiste, qui, étudiant des heures durant dans les cabinets de collectionneurs, s’imprègne de figures qui, un jour, s’épanouiront dans ses fêtes galantes.

« Les mondes de Watteau »,
Château de Chantilly, Musée Condé, 7, rue du Connétable, Chantilly (60), www.chateaudechantilly.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°785 du 1 mai 2025, avec le titre suivant : L’autre Watteau

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