Laurent Grasso : l’effet Duchamp

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 26 juin 2009 - 211 mots

Laurent Grasso est de ceux qui chahutent ou compressent les temporalités avec un sens efficace du récit et du climax.

Cet hiver, il s’était glissé sans peine dans le scénario d’exposition collective « Gakona », ourdi au Palais de Tokyo : géographies lointaines et interdites, programmes scientifiques opaques, ondes radios, rumeurs de dérèglements, hautes fréquences menaçantes, il y avait là de quoi assouvir le vocabulaire paranoïde de l’artiste [lire L’œil n° 612].
À l’occasion de son exposition à Beaubourg, le lauréat du prix Marcel Duchamp 2008 maintient son goût du phénomène et du glissement de terrain perceptif. On y voit un long travelling sans fin s’enfonçant dans les profondeurs obscures d’une forêt, parasité par quelques bruitages de provenance inconnue. Recourant comme souvent au matériau scientifique, à son histoire et à son potentiel fictionnel, Grasso machinera ici expériences électriques, ondes radio et échos revenus d’il y a quelques milliards d’années.
Dans le cube de l’espace 315, devrait en effet figurer dans une version sculpturale l’antenne Horn, celle qui, dans les années 1960, avait incidemment capté des résidus phoniques du Big Bang. Entre fossile sonore et mythologie science-fictionnelle, un bon moyen de tramer une réalité parallèle instable, de télescoper les séquences temporelles et de dépiauter ce que sont les différents temps d’un enregistrement.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°615 du 1 juillet 2009, avec le titre suivant : Laurent Grasso : l’effet Duchamp

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