Paroles d’artiste

Laurent Fétis

Par Anaïd Demir · Le Journal des Arts

Le 24 janvier 2003 - 514 mots

Pochettes de disques, clips vidéo, génériques de films ou catalogues d’exposition, les créations de Laurent Fétis élèvent le graphisme au rang d’art. Dans une période où les cultures électroniques repoussent les notions de genre, Laurent Fétis expose parallèlement à Londres et à Paris et répond à cette occasion à nos questions.

Que présentez-vous dans ces expositions, à Londres et à Paris ?
Je vais monter des projets spécifiques pour chacun des lieux. L’ exposition de Paris est le prolongement d’un texte issu de mon livre (1). C’est un travail autour de l’engouement pour les “films de zombies” durant les années 1980. J’y vois un parallèle avec la peur du sida et plus généralement de l’échange sexuel. Ces objets ne sont pas exactement du graphisme.

La position du graphiste a changé et le grand public commence à considérer cette discipline comme un art à part entière. Avez-vous souffert de cette barrière entre arts plastiques et graphisme ?
Le graphisme souffre en France d’un manque de reconnaissance. Ayant eu la chance de pouvoir m’exprimer sur mon travail dans de nombreuses parutions à l’étranger, je n’éprouve aucune frustration sur ce point.

Quelles sont vos influences artistiques ?
J’aime beaucoup le travail d’Elisabeth Arkhipoff. Les collaborations menées avec elle permettent de développer des projets hybrides (séries de mode pour Vogue, vidéo pour DJ Mehdi), à la fois totalement ancrés dans la sphère de l’art et valides par rapport au commerce et à la communication.

Vous sentez-vous plutôt artiste ou graphiste ?
Il n’y a pas de différence. Depuis la Sécession viennoise [NDR : fondée dans les années 1890 par Gustav Klimt], les avant-gardes ont cherché à abolir cette frontière. C’est ce qui a donné naissance au design. Mais le graphisme demeure dans une position ambiguë, partagé entre la transmission d’un message imposé et la volonté d’une expression personnelle.

À votre avis, qu’est-ce qui a changé les choses ?
Depuis les années 1990, un important travail critique et historique mené surtout en Angleterre et au Japon a défendu le graphisme dit “d’auteur”. Cette revendication commence à trouver un écho positif auprès du public. Mais je ne crois pas que la situation de la France soit aussi brillante. Il y a certes un intérêt pour cette discipline, mais elle reste incomprise.

Ressentez-vous un retour du décoratif, de l’illustratif, dans l’art ?
J’ai plutôt l’impression que cela a toujours existé. Les artistes qui ont influencé ma scolarité, comme Richard Prince ou John Miller, ont une approche qui a recours à des procédés formels similaires à ceux qu’utilisent le design et le graphic design.

Comment intervenez-vous dans ce qu’on appelle la “culture électronique” et notamment dans le domaine musical ?
En collaborant avec des musiciens : Mellow, Christophe Monier (Micronauts), Beck, DJ Hell, Tahiti 80... sur des concepts visuels d’albums ou du simple design.

(1) ABC , Laurent Fétis, Éd. Die Gestalten Verlag, 160 p., 39,90 euros.

- Galerie Grid 5, 108 rue de la Folie-Méricourt, 75011 Paris. Sur RDV, tél. 01 42 455 72 88, jusqu’au 28 février. - Magma Clerkenwell, 117-119 Clerkenwell Road, Londres, tél. 44 20 72 42 95 03, jusqu’au 15 février.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°163 du 24 janvier 2003, avec le titre suivant : Laurent Fétis

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