L’artiste et son empreinte

Toroni et Oursler sont réunis à Bordeaux

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 441 mots

Poursuivant sa politique d’expositions qui associe un artiste confirmé à une étoile montante de l’art international, le Capc Musée d’art contemporain de Bordeaux accueille les œuvres de Niele Toroni, Tessinois vivant en France, et du jeune Américain Tony Oursler.

BORDEAUX. Depuis l’époque de BMPT (Buren, Mosset, Parmentier, Toroni), Niele Toroni n’a cessé de décliner son “Travail-Peinture”, comme il aime à le nommer. Ses “empreintes de pinceau n° 50, répétées à intervalles réguliers de 30 cm et disposées en quinconce”, apposées sur différents supports, constituent l’acte pictural le plus minimal, celui du contact de la couleur avec la toile. Son projet bordelais pour la nef majestueuse de l’Entrepôt est tout naturellement lié à la ville. L’esplanade voisine du musée se nomme justement la place des Quinconces, en raison de la disposition des arbres qui y sont plantés. Le rouge du vin de Bordeaux est également à l’honneur. Toroni a choisit cette teinte pour les empreintes de son pinceau laissées dans les corridors et sur des barriques de vins disposées en pyramides. Les arcades de ciment du musée sont, elles, peintes en blanc, tandis qu’un ensemble de vingt-cinq pièces plus anciennes sont à découvrir dans la galerie Foy. Parallèlement, Tony Oursler bénéficie de sa deuxième exposition personnelle dans un musée français après celle de Strasbourg, en 1995. Né à New York en 1957, il suit dès l’âge de dix-neuf ans les enseignements de Laurie Anderson, John Baldessari et Jonathan Borofsky au Californian Institute of Arts de Los Angeles. Il y mûrit un regard critique acerbe sur la société américaine contemporaine et sur l’influence des mass media. Dès 1976, il réalise une parodie des feuilletons américains en vidéo noir et blanc : Joe, Joe’s woman and Joe’s transexual brother. Oursler analyse alors l’influence de l’audiovisuel sur les comportements et les pensées des individus. Cachées dans des recoins ou sur les hauteurs d’une cimaise, ses poupées de chiffon animées d’un visage “humain” projeté en vidéo nous interpellent, nous lancent des invectives, échangent entre elles quelques phrases ou crient à tue-tête. Elles nous exposent des fragments de banalités quotidiennes, des disputes conjugales soigneusement mises en scène. Les personnages distillent, suivant les pièces, de longues plaintes, des propos philosophiques, voire quelques mots d’argot. Dès l’entrée du Capc, une ampoule s’allume et s’éteint en fonction de son environnement sonore. L’artiste a également réalisé un projet in situ, Switch, une installation inédite qui réunit une œuvre appartenant au Musée national d’art moderne et de nouvelles pièces afin de développer une véritable histoire.

NIELE TORONI, TONY OURSLER, 30 octobre-11 janvier, Capc Musée d’art contemporain, l’Entrepôt, 7 rue Ferrère, 33000 Bordeaux, tél. 05 56 00 81 50, tlj sauf lundi, 12h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : L’artiste et son empreinte

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