Art occidental

L’art mis à nu

Le Journal des Arts

Le 23 janvier 2004 - 483 mots

La Galleria d’Arte Moderna examine l’évolution du « Nu », thème récurrent de l’art européen.

 BOLOGNE - Parallèlement à l’approche contemporaine que revendique la foire Arte Fiera (lire page 28), la Galleria d’Arte Moderna de Bologne invite à explorer les XIXe et XXe siècles à travers une grande exposition intitulée « Le nu entre idéal et réalité ». Cette manifestation, organisée par le Suisse Peter Weiermair, le directeur du musée, retrace l’histoire du nu, thème récurrent de l’art occidental, avec des œuvres parmi les plus emblématiques, soit pour leur rôle dans l’évolution iconographique et stylistique du genre, soit dans leurs sous-entendus sociaux – revendications pour le droit à la liberté et l’évolution des mœurs.
Pouvant difficilement se présenter comme un panorama exhaustif du genre, cette exposition choisit de traiter les grands chapitres de l’histoire de l’art, du néoclassicisme à nos jours, à travers 200 peintures, sculptures, et dessins. La photographie vient compléter ce parcours, auquel s’ajoute une section dédiée à la performance, avec la projection de films datant des années 1970 à nos jours.
L’approche chronologique, qui débute avec Antonio Canova, décline le nu sous toutes les « coutures » ; réaliste avec Gustave Courbet, auteur du nu le plus explicite, la célèbre Origine du monde, restée à Orsay ; intimiste chez Edgar Degas et Henri de Toulouse-Lautrec, qui chérissaient les scènes de toilette comme observées par le trou d’une serrure ; opulent chez Pierre Auguste Renoir et les impressionnistes ; en souffrance chez Gustav Klimt, Egon Schiele, Francesca Woodman ou Marlene Dumas ; d’inspiration classique chez Amedeo Modigliani et Pablo Picasso mais également chez Robert Mapplethorpe ; existentialiste chez Alberto Giacometti ; lacéré chez Willem de Kooning ; dédoublé chez Gilbert & George ; ironique chez Luigi Ontani...
« J’ai voulu choisir des travaux qui ont véritablement marqué un tournant ou qui illustrent de manière idéale une période ou un style, explique Peter Weiermair. Le titre de l’exposition met en évidence l’antithèse entre l’idée d’un homme selon les critères de la beauté antique et la vision plus récente liée à la réalité, jusqu’à toucher l’idée de l’artifice. » [Une dualité immortalisée par le classicisme exacerbé de la Naissance de Vénus d’Alexandre Cabanel et le réalisme provocateur de l’Olympia d’Édouard Manet, tous deux présentés au Salon de 1863 et aujourd’hui visibles au Musée d’Orsay à Paris, NDLR]
« C’est une histoire de style, mais aussi un compte rendu d’un processus de libération, de l’histoire d’un tabou sexuel. Le nu est le genre artistique le moins neutre, et le corps nu représente l’unique donnée invariable de l’expérience humaine, le premier terrain de la constitution de l’identité », ajoute le directeur.

IL NUDO TRA IDEALE E REALTÀ

Jusqu’au 9 mai, Galleria d’Arte Moderna, Piazza Costituzione 3, Bologne, tél. 39 051 502 859, tlj 10h-19h, 13h-19h le lundi, www.galleriadartemoderna.bo.it. Catalogues, éd. ArtificioSkira (le premier tome sur la peinture, le dessin et la sculpture, le second sur la photographie).

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°185 du 23 janvier 2004, avec le titre suivant : L’art mis à nu

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