L’art médiéval au XXIe siècle

Conçue en diptyque, elle se déploie dans les deux espaces du Frac : au Plateau, placé sous l’égide du berserker, guerrier légendaire issu des mangas de Kentaro Miura, et aux Réserves, sous celle de Pyrrhia, papillon merveilleux qui a donné son nom à une île imaginaire dans la série romanesque Les Royaumes de feu de Tui T. Sutherland. Car la fascination pour le Moyen Âge, notamment à partir du XIXe siècle, a nourri l’imaginaire collectif et irrigué des siècles de création artistique et de pop culture. Aujourd’hui, le fort intérêt pour l’imagerie médiévale et l’heroic fantasy reflète les préoccupations d’une nouvelle génération face à un futur incertain. Des œuvres médiévales (issues des collections patrimoniales franciliennes) sont présentées aux côtés de celles d’artistes contemporains, certaines appartenant à la collection du Frac (Parvine Curie, Pascal Convert, Mimosa Echard…), et d’autres réalisées par des artistes émergents (Camille Bernard, Aëla Maï Cabel, L. Camus-Govoroff, Lou Le Forban, Frederik Exner…). La densité et la liberté d’accrochage sont à la fois la faiblesse et la force de l’exposition. Le visiteur peut être déboussolé dans ce foisonnement d’œuvres de différents médiums et époques présentées sans hiérarchie, ni parcours narratif prédéfini. Des numéros au sol le renvoient à des notices d’œuvres, à consulter sur place sous forme de fiches ou sur téléphone via un QR code, mais il n’est pas toujours facile de se repérer et de trouver les informations. Pourtant, le visiteur se laisse envoûter par les échos transhistoriques inattendus, et la lecture du journal d’exposition (passionnant) lui permet de mieux appréhender ce désordre savamment pensé. Car c’est dans les sinuosités, les dissonances volontaires et les rapprochements parfois surprenants, que se révèlent l’ampleur et la diversité de l’héritage du Moyen Âge dans l’art contemporain.