L’art médecin

Ou encore la volonté de « réparer les vivants », exprimée par le président de la République après les attentats du Bataclan. Avec son titre « Prendre soin, restaurer, réparer », l’exposition du Musée de Dole, reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture, s’inscrit dans l’air du temps, marqué par une inquiétude pour la santé physique et mentale. Elle nous propose de faire un pas de côté, en mettant en perspective la figure des soignants, la perception du corps souffrant ou encore notre rapport à la maladie et à la normalité, dans une histoire du soin, de la Renaissance à nos jours. Cette stimulante exploration du territoire du soin s’ouvre avec un portrait de Louis Pasteur, dont on célèbre le bicentenaire, peint par Albert Edelfelt en 1885 : il marque la naissance d’une médecine positiviste qui croit dans le progrès. À travers 80 œuvres et cinq chapitres thématiques, le parcours révèle la difficile articulation au fil des siècles entre cette dimension scientifique du soin (cure, en anglais) et sa dimension sensible (care). On y croise les regards des « figures de soin » du présent et du passé (médecins, moines ou moniales, sorciers, guérisseuses ou marchandes de simples), de « fous », de cabossés, on sonde l’infiniment petit des virus et des bactéries, cherchant sans cesse de nouveaux points d’équilibre. Le parcours s’achève par une section contemporaine qui interroge le rôle de l’art et la place des musées dans la lutte contre les maux du corps et de l’âme. Très dense, cette exposition sociétale et philosophique, où chaque œuvre éveille un questionnement, redonne une profondeur et un sens à des mots qu’on avait peut-être trop entendus. Que ceux qui aiment ruminer et penser en rond passent donc leur chemin !