L’art à la Demand

ZURICH. Une salle de dessin, un bureau, un parking, une chambre, une salle de bains ou une cage d’escalier, tels sont quelques-uns des sujets des grandes photographies que Thomas Demand expose à Zurich. Même s’il utilise ce médium, l’artiste n’est peut-être pas à proprement parler un photographe. En effet, sa démarche ne consiste pas à saisir la réalité mais à recréer un possible réel, à mimer notre environnement, à nous en renvoyer une caricature. Thomas Demand se comporte d’une certaine façon en sculpteur, en créant dans son atelier, à partir de papier et de carton, les environnements qu’il capture avec son appareil photo. Dans des œuvres telles que Zimmer (Chambre) ou Büro (Bureau), l’Allemand a même poussé l’artifice jusqu’à reconstituer un désordre, des feuilles jonchant ici le sol ou une table, des cartons et des boîtes étant là abandonnés sur un lit défait. Ce semblant de vie contraste avec l’atmosphère sans âme, banale, de ces scènes traitées sur le mode de la nature morte, mais une nature morte moderne, voire post-moderne, sinon virtuelle. Toute représentation humaine en est bannie pour laisser place à des vues impersonnelles et intemporelles. Dans ces images, Thomas Demand signe une démarche originale, qui prend à contre-pied les propositions des photographes de l’École de Düsseldorf.