L’art à la campagne

La Tate révèle la richesse méconnue des manoirs anglais

Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 439 mots

Mieux connaître l’immense patrimoine conservé dans les manoirs britanniques, tel est l’objet de l’exposition de la Tate Gallery. Dans la sélection qu’elle propose, s’invitent de façon inattendue quelques modernes.

LONDRES (de notre correspondante) - À l’occasion du cinquantième anniversaire de l’Association des demeures historiques, la Tate Gallery s’interroge sur le rôle majeur joué par les propriétaires de manoirs dans la préservation de leurs collections d’art pour les générations futures, et s’efforce de démentir le préjugé assez répandu selon lequel il s’agirait d’un privilège.

Cette exposition souhaite montrer que ces demeures ne sont pas seulement des sanctuaires de trésors artistiques familiaux, mais aussi un témoignage important sur le patrimoine britannique. “Nous voulons montrer la diversité des collections – qui sont toutes ouvertes au public. Nous souhaitons également mettre en évidence les différences entre ces collections et celles des musées, du fait de l’étroite relation entre les mécènes, les artistes et le lieu”, a déclaré le commissaire de l’exposition Giles Waterfield, ancien directeur de la Dulwich Picture Gallery et aujourd’hui à la tête du programme d’étude de l’Attingham Trust sur les manoirs et les collections de Grande-Bretagne. Il prend pour exemple un portrait de Charles Ier avec son fils, le duc d’York, peint par Sir Peter Lely. Commandé par le duc de Northumberland, qui s’est occupé des enfants de Charles Ier lorsque ce dernier a été emprisonné, il est toujours accroché dans la collection du duc, à Syon Park. Outre l’inévitable galerie de portraits d’aristocrates, de leurs chiens et de leurs domaines, l’exposition réserve des surprises plus modernes, telles des œuvres de Vlaminck, Schiele, Laura Knight, Lucian Freud, ainsi que le premier album photographique de Julia Margaret Cameron.

Giles Waterfield affirme que cette “modeste exposition” constitue un tremplin pour des études et des discussions plus approfondies sur la survie de ces propriétés familiales, rappelant que leur existence dépend toujours davantage de la collaboration des secteurs privé et public. Il est le premier à reconnaître que si l’environnement privé et familial de ces demeures disparaît, on perd du même coup la mystique qui les entoure. Mais d’un autre côté, il faut faire pression afin que ces grandes propriétés soient accessibles au public. “Je pense que pour l’instant, nous avons compris que le concept de parc à thème ne fonctionnera pas, ajoute-t-il. Tout comme les musées, les grandes demeures familiales doivent s’en tenir à ce qu’elles font le mieux : ouvrir leurs portes et permettre aux visiteurs de découvrir leur monde intérieur. Le potentiel existe pour que ces manoirs soient promis à de nouveaux horizons.”

THE ART OF THE COUNTRY HOUSE

Jusqu’au 28 février, Tate Gallery, Millbank, tél. 44 171 887 8000, tlj 10h-17h50.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : L’art à la campagne

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