L’art d’entrer en contact

L’empreinte photographique chez Michèle Chomette

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 362 mots

En marge de l’exposition «L’empreinte» qui se tient au Centre Pompidou, son bigarré voisin, la galerie Michèle Chomette, présente un ensemble d’images-contacts qui interrogent un autre versant de l’activité artistique en photographie. Où l’on s’immerge dans le champ de l’art contemporain sans renier le médium photographique.

PARIS. Il est certainement nécessaire d’aborder aujourd’hui les pratiques photographiques autrement que par la malignité d’une prise de vue ou par le seul référent d’une image. Michèle Chomette, avec un à-propos dont elle est coutumière, prolonge l’exposition "L’empreinte" par une invitation faite à l’un des commissaires, Georges Didi-Huberman, à repérer ce qui relève de l’empreinte dans les travaux des artistes de la galerie. C’est l’occasion de mettre le doigt sur l’une des procédures propres à la photographie, le contact. On pourrait rappeler que le tirage-contact, encore actuellement présent dans les planches-contacts, parcourt toute l’histoire de la photographie, à la différence de l’agrandissement. On pourrait même montrer que l’image-contact caractérise les débuts de la photographie – avec Talbot, Herschel, Bayard, Atkins – aussi bien que l’avant-garde des années vingt – les photogrammes de Moholy-Nagy ou Man Ray. Il y a là une réplication du geste créatif qui ne retire rien à la nouveauté des gestes contemporains. Ces artistes-par-photographie ne se comportent donc plus comme des photographes-avec-appareil mais établissent le contact, physique ou lumineux, entre la surface photographique et l’objet de leur intérêt, fût-il une trace de doigt, un insecte ou un tissu à carreaux. On nous pardonnera d’évoquer la "beauté" d’une simple mouche, doublement piégée (bien vivante) par Patrick Bailly-Maître-Grand, d’abord entre deux plaques de verre, puis par un flash qui l’imprime à la surface du papier. On retiendra également les subtils Coupons en photogrammes de Pierre Savatier, de la galerie Jean-François Dumont, les pliages en lumière rasante de Christian Galzin ou les photogrammes de films d’Éric Rondepierre. En s’affranchissant de la prise de vue classique, on gagne l’impression de toucher les choses sans intermédiaire et montrer qu’il peut y avoir des formes d’art contemporain qui ne soient pas seulement des clichés incertains.

L’IMAGE-CONTACT, jusqu’au 24 mai, galerie Michèle Chomette, 24 rue Beaubourg, 75003 Paris, tél. 01 42 78 05 62, tlj sauf dimanche et lundi 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : L’art d’entrer en contact

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