Marseille (13)

L’art contemporain à l’épreuve du design

Mamo Jusqu’au 7 décembre 2013

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 19 novembre 2013 - 360 mots

Réunir des artistes et des designers dont le seul point commun est d’avoir été lauréats des Audi Talents Awards dans les catégories « Art contemporain » et « Design » depuis la création des prix, en 2007.

 Dans le gymnase de la Cité radieuse du Corbusier, reconverti en centre d’art par le designer Ora-Ïto, d’aucuns jugeront l’exercice un peu risqué, sinon« fada ». Il est néanmoins réussi tant l’exposition fonctionne comme un ensemble. Et tant pis si cela se fait parfois au détriment des œuvres présentées !
Pour éviter de donner dans le simple collage d’œuvres et de mobiliers, Amélie du Passage et Gaël Charbau ont décidé de les placer en situation dans le possible intérieur d’un collectionneur privé, d’où le titre de leur exposition : « Résidence secondaire ». « Les visiteurs sont invités à déambuler au sein d’un environnement en apparence “domestique”, mais où l’inattendu vient brouiller les usages pour établir d’étranges synopsis », préviennent les deux commissaires dans la brochure de l’exposition. En théorie donc, Villa K, le bureau fait de tasseaux assemblés  par Cordoleani et Fontana, et Ankara, le mobilier designé par Constance Guisset, ont été choisi pour leurs dimensions « domestiques » que doivent « brouiller » les œuvres artistiques de Neïl Beloufa – une installation vidéo – ou d’Émilie Pitoiset – des escarpins abandonnés sur le sol. Sauf qu’en pratique, les frontières parfois ténues entre art contemporain et design sont souvent indiscernables. Difficile, en effet, de ne pas charger le Grand Opus de Wilfrid Almendra d’une dimension décorative, comme d’écarter a priori la dimension « mobilière » de l’installation d’Éric Baudelaire : Everything Is Political. Comme il semble délicat de nier a priori toute plasticité à la pièce Mind the Gap du designer Felipe Ribon. La faute, sans doute, au sol intitulé Dégradé de l’artiste Pierre-Olivier Arnaud (un collage de papiers A4 imprimés en niveaux de gris différents qui confère une forte dimension architecturale à l’exposition)… Si faute il y a ! Car, après tout, n’est-il pas de la responsabilité d’une œuvre d’art de s’imposer dans son environnement même « brouillé » ? Ce que parvient à faire l’installation de Baudelaire. Pas celle d’Almendra.

« Résidence secondaire »,

Mamo, Cité radieuse, 280, bd Michelet, Marseille (13), http://mamo.fr

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°663 du 1 décembre 2013, avec le titre suivant : L’art contemporain à l’épreuve du design

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