L’art brut, juste une évidence

Et même davantage. Car la collection présentée ici, legs de Bruno Decharme, est d’une qualité exceptionnelle. Les premières déambulations nous plongent dans un questionnement d’une grande complexité intellectuelle : qu’est-ce que l’art brut, qui fait l’art brut ? On pourrait oser cette réponse : un art réalisé par des non-artistes, en marge de la société, dont le besoin d’expression est à la fois puissant et incontrôlable, ce qui n’empêche pas de nombreuses formes de maîtrise technique. Dans un sens, l’exposition, organisée par zones géographiques du Brésil au Japon, suppose que les créations s’éclairent par leurs ancrages et emprunts culturels. C’est vrai, dans une certaine mesure. Mais c’est aussi l’une des difficultés de cette exposition, car ce qui apparaît ici, c’est la manière dont les ressorts profonds de l’humain trouvent des terrains d’exploration très fertiles, quel que soit le contexte de création. On reste cependant subjugué par la puissance plastique des œuvres retenues pour l’exposition. Et on pourrait finalement s’en tenir à l’évidente simplicité de la définition de Jean Dubuffet (1901-1985), qui a donné ce nom aux œuvres qu’il collectait : « L’art brut, c’est l’art brut et tout le monde a très bien compris. » Et de fait, dans cette exposition, on comprend très bien ce que c’est sans avoir besoin de formuler toute définition inadéquate.