Art moderne

Paris-7e

L’art balte en Version originale non sous-titrée

Musée d’Orsay - Jusqu’au 15 juillet 2018

Par Isabelle Manca · L'ŒIL

Le 22 mai 2018 - 318 mots

C’est un étrange sentiment qui étreint le visiteur qui quitte le Musée d’Orsay, celui d’avoir visité une belle exposition et, en même temps, celui d’un rendez-vous manqué.

L’établissement met à l’honneur les symbolistes de Lettonie, d’Estonie, et de Lituanie. À l’occasion du centenaire de leur indépendance, ces trois pays ont prêté une quantité faramineuse de chefs-d’œuvre afin de faire rayonner ce patrimoine riche, mais méconnu au-delà de leurs frontières. À l’exception du génial Ciurlionis, les artistes dévoilés ici (Mägi, Ruszczyc ou encore Walter) sont en effet totalement inconnus du public français.

La majorité des œuvres se révèlent de bonne tenue, et certaines constituent même de précieuses découvertes. Leur accrochage fluide, dans des espaces d’exposition fraîchement rénovés et agrandis, est par ailleurs très réussi. La médiation, en revanche, est on ne peut plus minimaliste, pour ne pas dire inexistante. Hormis un texte introductif et une carte, le visiteur ne dispose pratiquement d’aucune information, les trois chapitres thématiques étant ensuite uniquement présentés par une citation d’artiste et les œuvres ne disposant pas de cartel développé.

Un tel parti pris reposant exclusivement sur le choc esthétique pourrait, à la limite, se défendre pour des icônes. Pour des artistes confidentiels et des sujets obscurs, cette politique se révèle frustrante et problématique. Car, face à certaines œuvres à l’iconographie originale, on peine même parfois simplement à comprendre ce qu’on voit. Ce positionnement oblige donc le visiteur, à moins qu’il ne loue l’audioguide ou n’achète le catalogue, à rester dans la stricte contemplation. Ce travers est d’ailleurs particulièrement préjudiciable dans la séquence sur les mythes. Les symbolistes ont en effet exploité leurs légendes et leur folklore pour forger un art « national ». Pour le néophyte, vierge de toutes ces références, ces questions fondamentales demeurent hélas incompréhensibles, comme s’il regardait un film étranger en VO non sous-titrée !
 

« Âmes sauvages. Le symbolisme dans les pays baltes »
Musée d’Orsay, 1, rue de la Légion-d’Honneur, Paris-7e, www.musee-orsay.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°713 du 1 juin 2018, avec le titre suivant : L’art balte en Version originale non sous-titrée

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