Peinture

L’an Fantin

Le Journal des Arts

Le 18 juillet 2007 - 452 mots

Lausanne propose une rétrospective de l’œuvre de Fantin-Latour

 LAUSANNE - Artiste indépendant, Henri Fantin-Latour (1836-1904) a laissé derrière lui un œuvre résolument inclassable. Cet été, la Fondation de l’Hermitage, à Lausanne, lui consacre la première rétrospective depuis celle organisée au Grand Palais, à Paris, en 1982-1983. Éclipsé par la renommée de ses contemporains, à l’instar de Monet, Fantin-Latour demeure méconnu du public. À mi-chemin entre académisme et avant-garde, il fut l’élève de Gustave Courbet et l’ami de nombreux artistes de son époque, tel Manet. Il n’adhère finalement ni au réalisme de son maître, ni à l’impressionnisme de ses amis et se passionne pour les grands peintres vénitiens du XVIe siècle et hollandais du XVIIe siècle, qu’il découvre lors de sa formation de copiste au Louvre. La fondation lausannoise entend aujourd’hui révéler toute la diversité de son œuvre, de ses vues d’intérieur aux scènes d’imagination, à travers ses peintures, lithographies, dessins, pastels et de quelques correspondances. Une série de portraits, de lui-même ou collectifs, amorcent le parcours au centre duquel surgit le tableau monumental (204 x 273,5 cm) intitulé Un atelier aux Batignolles (1870), prêté par le Musée d’Orsay, où l’on aperçoit, entre autres, Manet, Zola, Renoir et Bazille.
Révélé en France par ce genre, Fantin-Latour se fit un nom outre-Manche grâce à ses natures mortes et plus particulièrement à la peinture de fleurs. Roses grimpantes et pêches, réalisée en 1873, illustre son talent de coloriste et son souci du détail. « Il est indéniable que ses somptueuses compositions florales au chromatisme raffiné font de Fantin-Latour l’un des grands maîtres de la nature morte de l’art occidental,  atteste Juliane Cosandier, directrice de la Fondation de l’Hermitage, dans l’introduction du catalogue.
Les espaces du sous-sol témoignent des accointances de Fantin-Latour avec la musique, dans ses scènes d’imagination insufflées par quatre compositeurs : Johannes Brahms, Robert Schumann, Hector Berlioz et Richard Wagner, auxquels il déclare sa flamme dans une lithographie réalisée en 1881, Frontispice : le Génie de la musique. De facture radicalement différente, proche du symbolisme, ces œuvres font la part belle au nu et à la sensualité, loin des femmes austères vêtues de noir de ses portraits d’intérieur. Inspiré principalement par les opéras wagnériens, Fantin-Latour se mue en un remarquable lithographe, où la puissance du clair-obscur se caractérise par l’utilisation du blanc. Pour l’historien de l’art Rainer Michael Mason : « Si Fantin-Latour avait intégré le groupe des impressionnistes […], si l’impressionnisme n’avait pas eu pour objet autant la lumière que (en fait) la saisie matérialiste du monde, on l’aurait déclaré lithographe impressionniste ».

FANTIN-LATOUR. DE LA RÉALITÉ AU RÊVE,

jusqu’au 28 octobre, Fondation de l’Hermitage, 2, route du Signal, Lausanne, tél. 41 21 320 50 01, du mardi au dimanche 10h-18h, le jeudi jusqu’à 21h. Catalogue, 192 p., 54 CHF, env. 32,50 euros, ISBN 978-2-88453-137-5.

FANTIN-LATOUR

- Commissaires de l’exposition : Juliane Cosandier, Sylvie Wuhrmann, Rudolf Koella - Nombre d’œuvres : 138

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°263 du 6 juillet 2007, avec le titre suivant : L’an Fantin

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