Art Contemporain - Comme au cirque, il faut traverser un rideau pour pénétrer, au Confort Moderne, dans l’exposition de Romuald Jandolo (né en 1988), une « vaste mise en scène portée par une ironie mordante et une poésie burlesque » pour reprendre les mots d’Elora Weill-Engerer, la commissaire.
Derrière le rideau, on se retrouve projeté au cœur d’un univers aussi merveilleux que déroutant : un espace habité par une centaine de « matassins », comme les appelle l’artiste : des silhouettes vêtues de chapeaux coniques (capirotes) et de capes scintillantes aux couleurs chamarrées. Leurs tailles, formes et couleurs sont variées ; la plupart sont suspendus dans l’espace (certains tournoyant lentement sur eux-mêmes) tandis que d’autres sont installés sur des bottes de foin empilées. Romuald Jandolo, qui a grandi dans une famille circassienne, mêle dans son travail imagerie populaire, motifs issus des arts forains et références à l’histoire de l’art – de Francisco de Goya à Philip Guston [lire p. 83]. C’est évident dans cette installation, dont le motif central est la capirote, objet qui revêt de nombreuses symboliques, évoquant aussi bien les pénitents espagnols, les sorcières ou le Ku Klux Klan. Pensée en triptyque, l’exposition se poursuit dans deux autres espaces, plus restreints : la projection d’un film qui rappelle les origines foraines du cinéma et rend hommage au Voyage dans la Lune de Georges Méliès (1902), et une salle de classe avec des personnages portant des masques d’animaux. Se jouant des codes de l’école républicaine, l’artiste en détourne les symboles, de la cocarde tricolore à Marianne, incarnée ici par la mère de l’artiste. Magistrale et hypnotique, cette exposition se visite comme un conte allégorique peuplé de personnages hauts en couleur.
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L’allégorie du capirote
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : L’allégorie du capirote





