L’abstraction en symphonie

Ces mêmes notes que le peintre écoute pour la première fois, fasciné, au Théâtre Bolchoï. L’émotion est alors si forte qu’elle le conforte dans sa vocation d’artiste, et fait naître en lui un idéal : celui d’une « œuvre totale » où musique, couleur et forme s’entremêlent pour créer une expérience spirituelle. C’est ce dialogue constant, intrinsèque, entre musique et peinture qui guide l’exposition, pensée de concert par la Philharmonie et le Centre Pompidou. Le parcours se veut immersif : casque audio sur les oreilles, couleurs subtilement mouvantes projetées au sol… Il pointe la musicalité des paysages russes peints par l’artiste, celle de ses scènes d’Apocalypse, la sensorialité qui ressort jusque dans son travail scénographique et ses productions poétiques. La musique s’infiltre partout, jusque dans son quotidien peuplé de disques et de partitions. Kandinsky ne veut pas peindre la musique. Il recherche l’expressivité pure de sons, la conçoit comme un modèle intellectuel dans sa quête d’abstraction. À la fois structurées et dynamiques, ses « Fugues » jouent sur l’autonomie des formes et des couleurs. Et, point culminant de l’exposition, ses trois dernières « Compositions », réunies en France pour la première fois, signent l’accomplissement de sa quête vers un art spirituel. Un parcours où tout n’est que mouvement, pulsation et vibration…