Art contemporain

Rennes (35)

La vitalité tragique de Gérard Zlotykamien

Musée des beaux-arts – Jusqu’au 7 janvier 2024

Par Amélie Adamo · L'ŒIL

Le 21 novembre 2023 - 312 mots

Précurseur -  En partenariat avec la biennale d’art urbain Teenage Kicks, qui a lieu à Rennes, le Musée des beaux-arts invite cette année Gérard Zlotykamien, l’un des artistes majeurs et précurseurs de l’art urbain en France.

Comme le souligne le directeur Jean-Roch Bouiller, cette initiative répond à une conviction fondamentale dans la politique de ce musée : « Favoriser la visibilité de pratiques artistiques multiples, sans hiérarchie ni chapelle », de manière à « décloisonner le regard » et à offrir au public une vision « ouverte » de l’art contemporain. Le choix de montrer tout particulièrement Gérard Zlotykamien, l’un des premiers artistes à peindre dans la rue à l’aube des années 1960, s’inscrit aussi en toute cohérence dans l’histoire du musée. Élève de l’artiste cinétique argentin Carlos Cairoli, présent dans les collections, Gérard Zlotykamien sera aussi l’élève d’Yves Klein, en tant que judoka. Rencontre décisive en 1954 avec celui qui deviendra l’une des figures majeures du Nouveau Réalisme. Également présents dans les collections permanentes, les Nouveaux Réalistes exposés à l’étage sont ainsi mis en résonance avec l’œuvre de Gérard Zlotykamien. Un lien logique précise le directeur : « Là où le Nouveau Réalisme a fait entrer la rue dans le musée, Gérard Zlotykamien a mené l’art dans la rue. » Hormis le parcours rétrospectif et chronothématique dans la galerie du rez-de-chaussée, qui permet entre autres de découvrir l’évolution singulière du traitement de la figure humaine chez Zlotykamien, l’un des points forts de l’exposition est l’intervention in situ de l’artiste dans le grand patio du musée. Dans cet espace à ciel ouvert, à mi-chemin entre la rue et le musée, se déploie au mur et sur des sacs de jute déposés au sol, la présence des « éphémères », chers à l’artiste. Ça vous saute aux yeux : 400 visages noirs, au tracé schématique, vous fixent de leur vitalité tragique. Elles parlent de la guerre, de l’exil. De la fragilité de nos vies.

Gérard Zlotykamien. Tout va disparaître »,
Musée des beaux-arts, 20, quai Émile-Zola, Rennes (35), www.mba.rennes.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°770 du 1 décembre 2023, avec le titre suivant : La vitalité tragique de Gérard Zlotykamien

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