Toulouse (31)

La ville en rose

Musée des Abattoirs et dans Toulouse - Jusqu’au 5 janvier 2020

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 17 décembre 2019 - 312 mots

En 2016, le festival Rose Béton cherchait à cerner les fondamentaux du graffiti en en convoquant les figures historiques et leurs plus prometteurs rejetons contemporains.

Commencée cet été, la nouvelle édition du festival toulousain s’intéresse cette fois aux liens entre les formes très diverses de l’art urbain et d’autres champs artistiques, au gré d’une série de fresques (Erosie, Rero…), d’installations (Mark Jenkins) et même d’interventions illégales (Tapes & Moses) dans l’espace public, et d’une exposition au Musée des Abattoirs. Les trois artistes présentés au sous-sol de l’institution sont emblématiques de ces fertilisations croisées. Significativement, seul l’un d’entre eux, l’Américain Todd James, alias Reas, vient du monde du graffiti, dont il fut l’un des représentants les plus actifs dès les années 1980. Encore n’expose-t-il à Toulouse aucune œuvre liée directement au contexte urbain. Ses toiles acidulées, qui charrient érotisme et satire politique, évoquent plutôt Peter Saul, présenté au rez-de-chaussée sans lien avec Rose Béton. Comme un pied de nez aux idées reçues, c’est alors aux artistes étrangers à la scène street art qu’il revient d’évoquer la rue. Tania Mouraud, qui occupe l’espace central avec une série de kakemonos et une fresque in situ, est certes une « marraine » de l’art urbain, puisqu’elle a investi Paris en 1977 avec sa série d’affiches Ni apposées sur des panneaux publicitaires, mais c’est bien davantage à sa manière de brouiller l’écriture et d’en questionner la fonction de communication qu’elle doit sa présence aux Abattoirs. Quant à Cleon Peterson, c’est toute la violence de la rue qu’il convoque dans la fresque Power & Pleasure, déclinée en une palette minimale où se succèdent rixes, viols et agressions. Par son éclectisme, la programmation de Rose Béton prend alors valeur de manifeste : elle affirme tout à la fois la vitalité de l’art urbain contemporain et la nécessité de le sortir d’une estampille un peu trop étroite pour lui rendre pleinement justice…

« Biennale Rose Béton »,
Musée des Abattoirs et dans Toulouse, 76, allées Charles-de-Fitte, Toulouse (31), www.lesabattoirs.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°730 du 1 janvier 2020, avec le titre suivant : La ville en rose

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