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La Villa Médicis fait l’éloge des moulages

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 2 janvier 2020 - 508 mots

ROME / ITALIE

Vecteurs de diffusion de l’antique, les copies en plâtre de statues gréco-romaines sont des œuvres à part entière.

Rome. L’État a entrepris depuis quelques années (voir encadré) de s’occuper sérieusement de sa collection de moulages et l’exposition actuelle de la Villa Médicis est l’un des fruits de cette réhabilitation. Celle-ci raconte les grandes campagnes de copies en plâtre de statues antiques, faites à Rome à travers l’histoire, à l’aide de quelques-unes de ces copies.

C’est à Rome que l’on redécouvre progressivement à partir du XVe siècle les copies en marbre ou en bronze de statues grecques que les riches patriciens de l’antiquité se devaient de posséder dans leur demeure. À défaut de conquérir l’Italie, François 1er fait réaliser pour Fontainebleau quelques moulages ; une entreprise qui prend une dimension d’une tout autre échelle avec Louis XIV pour Versailles. C’est d’ailleurs l’une des missions de la nouvelle Académie de France à Rome. La production de moulage diminue au XVIIIe siècle pour connaître une nouvelle vague avec Jean-Auguste-Dominique Ingres, directeur de la Villa entre 1835 et 1840, avant de tomber en désuétude.

Un objet d’études

Le parcours de l’exposition balaye ainsi quatre siècles « d’appropriation de l’Antique », selon l’expression des deux commissaires du Louvre, Élisabeth Le Breton et le président-directeur Jean-Luc Martinez qui revient ainsi à son premier métier. C’est ce que comprennent la plupart des visiteurs en contemplant des copies de statues plus ou moins célèbres : Le Gaulois mourant, l’Apollon du Belvédère.

Pour peu qu’ils décryptent les panneaux de salles et lisent le catalogue – la médiation n’est pas le point fort de cette exposition –, le public peut aussi découvrir une autre histoire, celle de la généalogie, de la datation, des techniques, des auteurs de ces moulages. Une histoire longtemps délaissée au motif que les copies (en plâtre) de copie (en marbre d’époque romaine) de statues grecques classiques ou hellénistiques n’ont pas beaucoup d’intérêt. Il est impossible de dater le plâtre. Aussi Élisabeth Le Breton doit-elle traquer le moindre indice sur les moulages et éplucher les archives pour retracer leur parcours avec parfois la chance d’identifier un mouleur, comme ce Giovanni Arnaldi, connu à Rome entre 1683 et 1700, mouleur notamment des statues du groupe des Niobides.

Une réhabilitation inachevée  

Collections. Encombrants, démodés, symboles de l’académisme, les moulages d’antiques ont perdu leur raison d’être avec les modernes du XXe siècle. En 1999, le ministère de la Culture demande au Louvre de faire le récolement de ces plâtres et, en 2001, il affecte la collection versaillaise au Louvre, constituant la gypsothèque du Louvre, dirigée par Élisabeth Le Breton et riche de plus de 5 000 pièces. En 2009, Frédéric Mitterrand, alors directeur de la Villa Médicis, entreprend de protéger et d’étudier les six cent trente-trois copies de la Villa. Les collections du Louvre et de Versailles sont abritées dans la Petite Écurie et, malheureusement, ouvertes au public que très ponctuellement ; la dernière fois, ce fut à l’occasion de la Biennale d’architecture et de paysage. Il serait bienvenu que cette collection fût ouverte en permanence.

 

Jean-Christophe Castelain

Une Antiquité moderne,
jusqu’au 1er mars 2020, Académie de France à Rome, Villa Médicis, Viale Trinità dei Monti, Rome.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°536 du 3 janvier 2020, avec le titre suivant : La Villa Médicis fait l’éloge des moulages

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