La Seine au temps des impressionnistes

Par Colin Cyvoct · L'ŒIL

Le 22 janvier 2009 - 373 mots

Comment ne pas être gagné par une irrépressible nostalgie face à ces vues des bords de Seine réalisées entre Issy-les-Moulineaux et Vétheuil, à une époque où il était encore possible de nager dans les eaux limpides du fleuve.

Cette exposition permet de mesurer l’ampleur des mutations dues à l’urbanisation à partir de la seconde moitié du xixe siècle en région parisienne. Entre 1872 et 2008, la population de l’Île-de-France est multipliée par six alors que celle de Paris ne croît que de 16 %.
Les quelque cent soixante tableaux, gravures, aquarelles et affiches présentés à Rueil-Malmaison peuvent donc être regardés comme des pièces d’archéologie, tant les paysages semblent appartenir à un passé révolu. Cela est d’autant plus frappant que certains sites traversés pour se rendre à l’Atelier Grognard sont ceux, si incroyablement différents, que l’on découvre dans l’exposition !
L’ouverture en 1837 de la ligne de chemin de fer Paris-Saint-Germain-en-Laye permet aux Parisiens de gagner les guinguettes et baignades qui fleurissent le long du fleuve. Les îles ombragées de Chatou, Croissy et Bougival sont bientôt prises d’assaut par les citadins avides de jeux aquatiques et de déjeuners sur l’herbe, bientôt rejoints par des peintres désireux de planter leur chevalet face au motif, ce qui nous permet aujourd’hui d’observer la métamorphose des paysages d’Île-de-France.
Ainsi, peu de différences sont perceptibles dans l’organisation de l’espace entre La Seine à Herblay de Charles-François Daubigny, non datée mais réalisée vraisemblablement avant 1865, et Herblay, brouillard de Paul Signac, peint en 1889-1890, si ce n’est une chaussée aménagée le long du fleuve. Au contraire, Paysage à Gennevilliers (1875) de Berthe Morisot montre une banlieue en pleine mutation. Au loin, les cheminées d’usines laissent échapper des volutes de fumée noirâtre, alors qu’au premier plan la meule de foin indique clairement que nous sommes encore à la campagne. Soixante-quatorze artistes, dont certains sont célèbres : Daumier, Corot, Sisley, Pissarro, Monet, Renoir, Marquet ou Félicien Rops, d’autres moins connus : Perussaux, Colin, Huet ou Bataille, nous invitent à une étonnante et délicate croisière le long d’un fleuve qui sut séduire et stimuler tant de peintres.

A voir

« Reflets de la Seine impressionniste », Atelier Grognard, 6, avenue du Château-de-Malmaison, Rueil-Malmaison (92), tél. 01 41 39 06 96, jusqu’au 9 mars 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°610 du 1 février 2009, avec le titre suivant : La Seine au temps des impressionnistes

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