Art contemporain

Saint-Paul-de-Vence (06)

La sculpture organique de Barbara Hepworth

Fondation Maeght – Jusqu’au 2 novembre

Par Itzhak Goldberg · L'ŒIL

Le 23 septembre 2025 - 319 mots

Xxe Siècle - À l’entrée de l’exposition, quelques figures féminines hiératiques évoquent une forme de primitivisme, qui a fasciné tous les acteurs de l’avant-garde européenne.

Ces œuvres marquent les débuts de la carrière de la peintre et sculptrice Barbara Hepworth (1903-1975). Rapidement, le style de l’artiste britannique évolue de manière radicale. Le rapprochement judicieux entre Mother and Child (1934), deux figures enlacées, et Two Forms (1934-1935), une sphère et une forme trapézoïdale posées côte à côte sur un socle, illustre de belle façon cette transformation. Est-ce la rencontre avec son compatriote Ben Nicholson (1894-1982), qui a incité Hepworth à s’orienter vers l’abstraction dans les années 1930 ? Peintre à l’origine, Nicholson est connu pour ses reliefs sculptés. C’est par son intermédiaire que Hepworth entre en contact avec Auguste Herbin, Jean Hélion et Piet Mondrian, tous engagés dans une épuration de l’art non objectif. Comme eux – mais aussi comme Constantin Brancusi, Joan Miró, et surtout Jean Arp –, Hepworth s’éloigne de la figuration autant que des œuvres d’inspiration industrielle, en explorant des formes biomorphiques : masses ovoïdes, lignes courbes et souples, volumes stylisés. Ce que célèbre désormais son œuvre, ce n’est plus la rupture entre l’homme et la nature, mais leur union totale. Le parcours permet également de découvrir la « signature » si particulière de Hepworth : des sculptures percées, à l’intérieur desquelles elle tend des ficelles rappelant les cordes d’un instrument de musique, comme dans Stringed Figure (1956). De la même manière qu’en musique les sons et les silences participent au rythme de la composition, ses sculptures jouent de l’harmonie entre matière et vide. Rythme et légèreté émanent ainsi de ses œuvres « transparentes ». Si, comme Henry Moore, Hepworth explore les pleins et les vides, ce n’est pas la puissance qu’elle cherche, mais un raffinement, parfois légèrement décoratif. Ici, le regard caresse les formes en devenir : concaves ou convexes, arrondies et sensuelles, elles se dessinent dans des lignes ondoyantes et fluides.

« Barbara Hepworth, Art & Life »,
Fondation Maeght, 623, chemin des Gardettes, Saint-Paul-de-Vence (06), www.fondation-maeght.com

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°789 du 1 octobre 2025, avec le titre suivant : La sculpture organique de Barbara Hepworth

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque